Un vent de panique souffle sur les avenues de Lagos. Dès les premières heures du jour, des dizaines de véhicules s’amassent à l’entrée des stations-service, jusqu’à bloquer totalement la circulation.
Ces scènes se répètent depuis près d’un mois à travers la mégapole de plus 20 millions d’habitants, mais aussi dans la capitale fédérale, Abuja, ou à Kano, la grande ville du nord du Nigeria, ainsi que dans d’autres capitales régionales touchées par la pénurie de carburant.
« Il y a des gens qui dorment ici pour espérer atteindre la pompe ! », lance Issah, appuyé sur sa moto : « Si tu veux utiliser ta voiture, si tu veux de l’électricité pour ta maison, tu n’as pas d’autre choix que de faire la queue pendant plusieurs heures. » Les Nigérians comptent en effet sur leurs groupes électrogènes pour pallier les délestages quotidiens dans un pays où l’on peut difficilement espérer plus de quelques heures d’électricité par jour. Ces derniers temps, il est devenu difficile d’approvisionner les générateurs : pour tenter d’endiguer le marché noir qui se développe rapidement autour de la pénurie, les stations-service refusent de remplir les jerricans. Certains rusent, en payant par exemple un chauffeur de moto qui ira faire le plein puis vidangera son réservoir en échange d’une commission.
Une situation ubuesque pour le premier producteur africain de pétrole. « C’est incompréhensible, nos dirigeants n’ont aucune idée de la manière dont nous vivons ! », s’écrie Clément, qui commence à perdre patience sous le soleil brûlant. Le petit homme d’une cinquantaine d’années, qui a dû quitter son travail pour faire la queue, n’est plus qu’à quelques mètres de la pompe à essence, mais l’attente semble interminable, ponctuée par les éclats de voix et le bruit des moteurs que l’on coupe et rallume tous les deux mètres.
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