CONTRIBUTIONAussi invraisemblable que cela puisse paraitre, le projet de loi de “Macky Sall” modifiant la loi °69-29 du 29 avril 1969 sur l’état d’urgence et l’état de siège est issu d’un mauvais copier-coller d’un projet de loi en France, instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires présenté par le Premier Ministre, Jean Castex, le 21 décembre 2020 ; un texte mis en suspens, le temps de permettre une concertation et d’apporter une clarification sur certains points, en raison des nombreuses polémiques suscitées.
Suite à une levée de boucliers, le Ministre de la santé Olivier Véran a affirmé le 22 décembre sur la chaîne française TF1 que le projet de loi ne sera finalement pas examiné « devant le Parlement avant plusieurs mois, avant d’être sorti de la crise sanitaire ». La décision a été prise de reporter l’examen et le vote du projet de loi instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires pour laisser du temps à la concertation et lever tous les doutes (une démarche qui relève du bon sens).
Des auditions sont prévues, avec des chercheurs, la défenseure des droits, la Cour nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), et des universitaires. Le texte sera débattu, et amendé. Nous sommes là dans le cadre du fonctionnement normal d’un régime démocratique.
II n’y a aucune équivalence possible entre la France et le Sénégal : la réalité en France où le système de contrepouvoirs fonctionne à tous les niveaux, est diamétralement opposée à celle du Sénégal où le forcing est la règle permanente, où Macky Sall concentre tous les pouvoirs, décide seul, et où l’assemblée nationale réduite à sa plus simple expression est déclassée, méprisée, ignorée et dépouillée de ses prérogatives, se muant en chambre d’enregistrement des désirs de Macky Sall, même lorsqu’ils sont inconstitutionnels.
Et si pour une fois, Macky Sall copiait la France, dans le bon sens, en retirant son projet de loi loufoque qui dépouille l’assemblée nationale de ses prérogatives (cf article 24 nouveau), qui lui confère de nouveaux pouvoirs non prévus par la Constitution (cf article 25 nouveau) et dont les dispositions ne doivent pas être insérées dans la loi de 1969 sur l’état d’urgence et l’état de siège ? Cet anti républicain notoire imprégné de la culture de la force ne le fera pas.
Non seulement ils copient ; ils copient mal ; mais plus grave encore, ils ne comprennent même pas ce qu’ils copient. L’état d’urgence est un régime d’exception : un minimum d’intelligence permet de savoir qu’on ne peut greffer à ce régime d’exception, des mesures qui relèvent d’un régime classique. Mais, ça, visiblement, ils ne le savent pas !
Diantre : qu’ont fait les sénégalais au Bon Dieu pour mériter Macky Sall ? L’homme insouciant qui a le temps de déambuler à Dakar avec sa fille dans une bagnole au moment où des millions de sénégalais tirent le diable par la queue et souffrent le martyr ? Cet homme là est complétement déconnecté des réalités du Sénégal.
Cordialement
Seybani SOUGOU
Nota bene : la semaine qui vient risque d’être décisive pour le projet de loi modifiant la loi de 1969 sur l’état d’urgence (une énième forfaiture de Macky Sall). Soyons vigilants. Un nouveau 23 juin guette Macky Sall qui devrait surveiller ses arrières. Car, à force de jouer avec le feu (les textes et la Constitution), il finira forcément par se prendre les pieds dans le tapis. Au moment où il s’y attend le moins. Il faut investir l’assemblée nationale (il ne faut pas le dire: car le froussard risque d’envoyer la police et la gendarmerie voire l’armée devant l’assemblée nationale).
Disons Non à Macky Sall et non à son projet machiavélique de dépouiller l’assemblée nationale de ses prérogatives.