La disparition d’Abdourahmane Camara a marqué bon nombre de journalistes qui ont eu à cheminer avec lui. Rappelé à Dieu, le 14 décembre 2019 au Maroc, les témoignages sur son séjour su terre renseignent sur ses qualités humaines mais également professionnelles.
Les témoignages sur Abdourahmane Camara sont unanimes. «Pieux musulman, respectant toutes les règles de sa religion notamment la prière à l’heure, Abdourahmane, ou Elhadj, ou Ass ou Camou, a été d’une fidélité sans faille pour sa famille, ses amitiés et sa profession. Journaliste, il a voulu être, journaliste il est resté jusqu’à la fin ! Pour moi, il est la figure absolue du professionnalisme, de l’humilité et de la fidélité dans la profession. Et ce n’est pas que parole d’ami», témoigne Ass Mademba Ndiaye, un des pionniers de Walf. «J’ai l’habitude de dire que le journal WalFadjri de Sidy Lamine Niasse est à la presse sénégalaise ce que le Parti africain de l’Indépendance (Pai) de Majhemout Diop a été pour la Gauche historique sénégalaise : un centre de formation laissant essaimer ses semences de qualité sur le terreau médiatique public et privé. Et dans ce contexte, Abdourahmane Camara a été le pivot central», poursuit-il.
Selon lui, tous les journalistes qui ont fait Walf lui sont reconnaissants de cette intransigeance qui les faisait reprendre autant de fois que nécessaire leurs papiers. A l’en croire, Abdourahmane était en fait si généreux intellectuellement qu’il voulait éviter à tous une précipitation qui peut leur être préjudiciable dans leur carrière. «Y a-t-il eu dans le monde un journal, mis sur le marché, retiré moins de 2 heures après et détruit car il y avait une fausse information ? Nous l’avons fait à WalFadjri, en 1989, sous l’impulsion de Abdourahmane Camara, en véritable intégriste de la déontologie. C’est lui qui a scruté des milliers d’articles dont certains, sous son intransigeance absolue par rapport à la qualité et au respect de la déontologie, ont eu la poubelle pour réceptacle », retrace-t-il. «C’est de 1983 à Takussan puis à Walf que nous avons rejoint, sur l’amical conseil de notre cadet Mouhamadou Tidiane Kassé (10ème promotion du Cesti comme Abdourahmane et moi), que Camou a commencé à sévir contre tout manquement aux règles grammaticales (il est diplômé en littérature française) et surtout à la déontologie professionnelle», dit-il.
Même son de cloche chez Madiambal Diagne, président-directeur du Groupe Avenir Communication qui édite le journal Le Quotidien. Selon ce dernier, la disparition de Abdourahmane Camara constitue un coup terrible pour tous ceux qui l’ont connu. «J’ai la chance de l’avoir rencontré dans mon parcours et je peux dire qu’il a participé avec Tidiane Kassé et Mademba Ndiaye, au sein de la rédaction de Wal Fadjri, à m’initier aux bonnes pratiques du journalisme et à me faire aimer ce métier. Je dois témoigner de ma reconnaissance pour lui», témoigne-t-il. Avant d’ajouter : «Je serai éternellement redevable à Camou. Abdourahmane Camara était un ami et un frère. Il était toujours resté fidèle à son Walf. Que la terre lui soit légère.»
L’orthodoxie en bandoulière
Le journaliste Ousmane Sène qui a quitté le groupe il y a quelques mois, revient sur le caractère de l’homme qu’il qualifie d’orthodoxe. «On a perdu un journaliste émérite. Il a été au cœur de l’information tout au long de sa carrière professionnelle. Il a fait son travail avec loyauté et désintéressement. Camou était quelqu’un de très humble. Il a toujours fait preuve de beaucoup d’humilité. Il a accompagné tous les jeunes journalistes qui ont débuté leur carrière à Walf», pleure-t-il. «J’ai eu à travailler avec lui. Il n’a jamais été trainé devant la justice pour diffamation. Il n’a jamais été accusé d’avoir reçu des pots-de-vin dans son métier de journaliste. C’était un homme qui avait un sens aigu de la profession de journaliste», laisse entendre Moustapha Diop de Walf TV. Selon Oustaz Assane Diouf, la disparition de Camou est une grande perte pour la presse sénégalaise, particulièrement pour le groupe Walf. «Il était un homme de principe et pieux. Il avait un bagage intellectuel qui lui permettait d’exercer son métier», témoigne-t-il.
Salif KA