L’Autoroute à péage Dakar-Aibd est très rentable. De 2009 à 2019, elle a fait un chiffre d’affaires de 147 milliards Cfa alors que ce sont 107 milliards qui étaient prévus. Soit un surplus de 40 milliards Cfa.
C’est ce que révèle l’étude d’évaluation socio-économique et environnementale de l’exploitation de l’Autoroute à péage réalisée par Legs Africa. Ainsi, l’Etat du Sénégal a empoché au total une somme de plus de 28 milliards Cfa. Seulement, d’après Dr Khadim Bamba Diagne, ces chiffres sont en-deçà de ce que l’Etat devrait gagner. L’enseignant-chercheur qui a participé à l’étude, a expliqué que l’entreprise Eiffage a usé de subterfuges pour minimiser les gains de l’Etat du Sénégal. «Sur 147 milliards, l’Etat devait toucher 21 milliards de taxe sur la valeur ajoutée (Tva) mais il n’a touché que 19 milliards Cfa. Sur les 147 milliards Cfa, l’Etat n’a reçu que 3 milliards Cfa d’impôt sur le bénéfice et l’impôt sur le revenu est de 2 milliards Cfa. Au total, l’Etat a gagné 28 milliards Cfa sur les 147 milliards Cfa de chiffre d’affaires», a déclaré Dr Khadim Bamba Diagne. Qui a détaillé la stratégie d’Eiffage pour ne payer que 28 milliards Cfa. «Une fois le chiffre d’affaires obtenu, les charges sont enlevées, et vous vous retrouvez avec la valeur ajoutée. Avec cette dernière, vous supportez d’autres charges, surtout salariales, et vous avez l’excédent d’exploitation. Vous cherchez le résultat d’exploitation. Vous créez des résultats exceptionnels avant d’arriver aux résultats courants avant impôt. Sénac a joué à un jeu simple et qui est passé. Ils ont augmenté les charges avant de payer l’impôt sur le bénéfice. Ainsi sur les 147 milliards Cfa, les résultats courants avant impôt sont de 10 milliards Cfa. Donc les 100 milliards sont des charges. A qui les a-t-on payés ? L’idée est de créer le maximum de charges pour payer le minimum de bénéfices possibles», a-t-il indiqué. Selon le chercheur, dans le contrat liant l’Etat du Sénégal à Eiffage, il était prévu pour l’entreprise exploitante des charges de 36 milliards Cfa. Mais ces dernières ont atteint 56 milliards Cfa à cause des travaux réalisés par Eiffage pour l’élargissement des voies de péage.
«Comment un Etat peut-il laisser Eiffage augmenter ses charges de 20 milliards Cfa ? L’Etat a Ageroute pour les travaux. Comment peut-on laisser l’entreprise initier ses dépenses. Sénac n’avait pas prévu de faire d’investissements supplémentaires, et ce n’était pas son rôle de le faire. Sénac a fait plus de 8 milliards Cfa d’investissements complémentaires. Vu qu’il y a une augmentation nette du chiffre d’affaires, Eiffage a augmenté ses charges pour capter une bonne partie de ce chiffre d’affaires», a expliqué Dr Khadim Bamba Diagne. Qui a précisé que l’exploitation de l’Autoroute est confiée à Secaa s.a dont le capital est détenu par Eiffage. Selon les explications de l’enseignant-chercheur, Secaa s.a donne des marchés à des sociétés du groupe de Eiffage pour maximiser ses charges et payer moins d’impôts à l’Etat du Sénégal. «Secaa est juste un concessionnaire. Il travaille avec Eiffage tp, Eiffage Sénégal et Eiffage opération service. L’entreprise donne les marchés au groupe Eiffage. A la fin, le seul perdant, c’est l’Etat du Sénégal. L’idée c’est que Secaa se sacrifie pour le groupe Eiffage s.a», a conclu Dr Khadim Bamba Diagne. Qui invite l’Etat à acheter 25% des actions de Secaa s.a comme prévu dans le contrat, pour entrer au Conseil d’administration.
Avec LeQuotidien