Le réveil a été brutal, hier, au quartier Khar-Yalla de Grand-Yoff. Un poteau électrique en béton est tombé en tuant deux enfants et blesser un autre. Ce qui a engendré une révolte des populations qui, par le passé, avait dénoncé leur entreposage dans leur quartier.
Deux morts, un blessé grave. C’est le triste bilan de la chute d’un poteau électrique sur des enfants qui jouaient près du terrain Gal-Gui de Khar-Yalla, à Grand-Yoff. Ces trois victimes qui s’amusaient sur le lot de poteaux électriques exposés à l’air libre dans leur quartier ont eu la surprise de leurs vies. Puisqu’il a fallu hier quelques minutes pour que l’accident tragique survienne. Car l’un des poteaux électriques en béton est alors tombé sur les enfants. Ce qui va produire l’irréparable. Agé de 06 ans, Seydou Bâ Camara et Mamadou Lamarana Barry (4 ans) sont décédés sur le coup. Tandis qu’un troisième enfant répondant au nom d’El Hadji Barry, âgé de 06 ans, s’est retrouvé avec de graves blessures dont des jambes cassées.
Une triste nouvelle qui a ameuté ce quartier. Et à notre arrivée sur les lieux, il y avait une foule de gens dont des jeunes surtout des sportifs qui ruminaient leur colère en présence des forces policières. Et du coup, ces jeunes sont partis barrer la route menant du dépôt de boisson situé en face de Walf vers le rond-point de Liberté 06. Au même moment, il y avait les parents des victimes qui s’étaient rassemblés devant le poste de santé de Khar-Yalla où les deux corps sans vie et le blessé grave étaient gardés dans des salles, en attendant l’arrivée des sapeurs-pompiers. Il y avait des femmes qui étaient même en sanglots, vu la perte tragique de leurs enfants.
Les populations sous le choc ont dénoncé la négligence des autorités pour avoir été alerté à maintes reprises sur le danger au sein de leur quartier avec l’exposition à l’air libre de matériaux pour les besoins de chantier. «C’est hier, lundi, qu’un conteneur a débarqué ici pour dépoter ces poteaux électriques en béton. Nous avons alors sommé au camionneur de ne pas le faire. Mais, il nous a fait comprendre qu’il le dépote sur ordre du maire et du chef de quartier. Nous lui avons dit qu’il n’y avait pas de sécurité avec les enfants qui jouent sur ce terrain. Mais malgré tout, le chauffeur soutenu par un entrepreneur a dépoté le conteneur de poteaux électriques en béton ici. Et ce matin (hier mardi) pendant qu’on s’entraînait, les enfants étaient en train de jouer sur ces poteaux. Et brusquement, l’un des poteaux électriques en béton est tombé sur les enfants pour les coincer. Nous avons entendu des cris de détresse. Et à notre arrivée, nous avons essayé de les sauver. Mais c’était peine perdue. Car, nous avons extrait deux corps sans vie et un blessé que nous avons amené au poste de santé», informe Omar Badiane, jeune joueur habitant le quartier Khar-Yalla. Et de poursuivre pour dénoncer le silence coupable des autorités. «Les autorités se moquent de Khar Yalla. Elles viennent ici pour déposer tous les déchets dont ces matériaux de la mort. Khar-Yalla est stigmatisé par la drogue, le banditisme. C’est une chose que nous déplorons. Les bandits se situent aux Almadies et les quartiers huppés où des gens organisent des soirées en plein couvre-feu. Arrêtons cette stigmatisation. Nous voulons que l’on nous respecte».
Un avis que partage un autre jeune du quartier du nom de Mbaye Séne qui ajoute : «Ce qu’on a vu est triste. Mais cela ne nous surprend guère avec ces autorités qui n’ont aucune considération et qui prennent Khar-Yalla pour un dépotoir d’ordures. Cela doit cesser. Sinon, on va se révolter».
Juste après cette déclaration, les jeunes furieux ont aussi investi les rues pour barrer la circulation. Ce qui a suscité respectivement l’intervention des limiers de Grand-Yoff et des gendarmes pour les dissuader avant que la circulation ne revienne à la normale. Toutefois, les populations sous le choc arborant des brassards rouges en signe de mécontentement promettent de récidiver si les autorités ne réagissent pas. «Cette manifestation est un avertissement. Si les autorités ne font rien nous allons nous révolter», avertit Abdou Diop un autre jeune.
Théodore SEMEDO