Malgré l’actualité occupée en grande partie par la pandémie de la Covid-19 le mouvement And Gueusseum qui regroupe plusieurs syndicats de la santé ne veut pas être oublié dans la satisfaction des revendications des agents de santé. Plongés dans un mutisme total à cause de la Covid-19, depuis quelques mois, Mballo Dia Thiam et ses camarades réchauffent, en effet, les vieilles doléances.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a du pain sur la planche. Au moment où son Directeur de cabinet claque la porte et que le nombre de cas positifs et de décès liés à la Covid-19 augmente de jour en jour, Abdoulaye Diouf Sarr doit faire face aux syndicalistes qui sont sortis de leur confinement. Face à la presse, hier, And Gueusseum constate que chaque jour de manière exponentielle le nombre de cas de Covid-19 augmente avec une moyenne journalière d’environ 100 cas. Pour Mballo Dia Thiam, depuis l’assouplissement des mesures, le 11 mai 2020, le relâchement des populations a fait exploser les décès qui sont passés de 19 à 89 et le nombre de cas positifs de Covid-19, de 1886 à 6034 à la date du 23 juin 2020. Cela ne surprend guère les membres d’And Gueusseum qui disent avoir averti du danger que constitue l’éclatement viral de la Covid-19 aux conséquences fatales et incommensurables. «L’Alliance des Syndicats Autonomes de la Santé (Asas) And Gueusseum constate pour le déplorer les retards dans la régulation des cas positifs surtout graves pour leur admission dans les centres de traitement et hôtels ; l’insuffisance du suivi médical des cas asymptomatiques internés dans les hôtels ; le manque de formation du personnel socio-sanitaire dans le traitement en milieu communautaire des cas positifs non régulés», lancent Mballo Dia Thiam et Cie. Qui déplorent que, pendant ce temps, les populations ont fini de banaliser les mesures barrières défiant l’autorité par endroit et allant même jusqu’à agresser verbalement le personnel socio-sanitaire qui est livré à lui-même. Lequel paie le plus lourd tribut, vu le nombre d’agents infectés par la Covid-19 qui ne cesse de grimper surtout dans les régions de Dakar et de Diourbel. And Gueusseum interpelle ainsi le ministre de la Santé et de l’Action sociale sur le début de l’hivernage qui est synonyme d’augmentation des maladies fébriles. Ce qui n’est pas pour faciliter la tâche. Le paludisme, la grippe saisonnière, la tuberculose, entre autres ont, avec la Covid-19, la fièvre comme dénominateur commun.
Pour les syndicalistes, cet état de fait accentue la baisse de fréquentation des structures sanitaires par la psychose d’être testé positifs Covid-19, source de stigmatisation. Et cette situation pourrait exposer le Sénégal à des lendemains apocalyptiques avec une résurgence probable des maladies cibles du Programme élargi de vaccination (Pev) du fait de la faible utilisation des services de vaccination depuis l’apparition de la pandémie.
Face à ce risque endémique de Covid-19, surtout en cette période hivernale, la seule alternative, notent-ils, à défaut du dépistage de masse, reste la décentralisation du dépistage par la mise à niveau des laboratoires régionaux et la mise en place d’unités mobiles basées au niveau district.
Aussi, ils disent constater le défaut de mise à niveau des prestataires et l’inexistence de politiques, normes et protocoles de prise en charge des cas positifs au niveau communautaire. Face à l’ampleur de la pandémie et à la limite des capacités litières, And Gueusseum préconise la révision des ordinogrammes de prise en charge des maladies en vue d’intégrer la Covid-19.
La baisse de fréquentation des structures sanitaires entrainant une chute drastique des ressources corrélées à une baisse du pouvoir d’achat des agents de santé communautaire consécutive à une mauvaise répartition des recettes et le remboursement des créances dues aux structures sanitaires par l’Agence nationale de couverture maladie universelle (Anacmu) accentuent le mail. L’Asas, même n’étant pas associée aux instances de lutte contre la Covid-19, avait sursis à toute velléité de lutte en enterrant la hache de guerre créant ainsi des conditions, favorables à une indispensable paix sociale. Malgré tout, le gouvernement, après avoir octroyé de manière discriminatoire l’indemnité de représentation médicale de 200 mille F Cfa en pleine crise sociale en 2018 à une catégorie socio-professionnelle, récidive cette année en pleine crise sanitaire. Ce, en octroyant à cette même catégorie l’allongement de l’âge de la retraite à 65 ans avec des arguments à la limite de la provocation au moment où, sous d’autres cieux, l’ensemble des travailleurs de la santé sont congratulés, adulés et gâtés. «And Gueusseum, tirant les conséquences de tout ce qui précède, est arrivée à la conclusion selon laquelle il n’y a d’autre alternative que le déconfinement syndical dont le Gouvernement est le seul responsable», avertissent-ils.
Samba BARRY