Le leader du mouvement citoyen, «Frapp France Dégage», en prison depuis trois mois avertit qu’il ne va pas faire de deal pour sortir de la prison. Il l’a dit dans une lettre publiée hier par ses proches. Dans cette lettre Guy Marius Sgana n’a pas ménagé le Président Sall, le ministre de l’Intérieur et le doyen des juges.
L’activiste et leader du mouvement «Frapp France dégage» n’est pas préoccupé par sa libération immédiate. Du fond de sa cellule, il a écrit une lettre, pour couper court à ceux qui tentent ou veulent le libérer par le biais d’un arrangement qu’il appelle le «protocole de Camp pénal». «Peu importe le lieu, la durée et le nombre de détentions arbitraires, nous ne transigerons jamais. Il n’y aura ni arrangement, ni protocole de Camp pénal, ni déportation entre nous et les Sale représentant du colonialisme», a indiqué Guy Marius Sagna qui dénonce les pontes du régime actuel dont la gestion a été épinglée par les corps de contrôle. «Quand j’entends des proches de Macky Sall régulièrement épinglés par tous les corps de contrôle de l’Ige montrant les dossiers qui ne sont jamais transmis à la justice dire que ma place est en prison, je réprime mon sourire pour ne pas manquer de respect à la mémoire des pêcheurs morts dans la Langue de Barbarie, aux ex-travailleurs de la Sotrac courant derrière 9 milliards, à nos concitoyens de Fass Tiekene dont moins des 39 villages ne sont pas électrifiés, aux surveillants pénitentiaires qui ont à peine 50 000 Fcfa d’indemnités de logement, … (…) Au lieu d’arrêter les voleurs des derniers publics, Macky Sall arrête leurs victimes qui remplissent les prisons (…)».
Le leader de «Frapp France dégage» s’en est pris au doyen des juges. «Pauvre doyen des juges Samba Sall! Le voilà avec deux instructions judiciaires sur ma modeste personne en moins de 04 mois. Alors que la première instruction sur une accusation de fausse alerte au terrorisme est encore en cours depuis juillet 2019, il ouvre une autre instruction depuis le 04 décembre. L’histoire ne se répète jamais. Quand cela semble arriver, c’est sous la forme d’une comédie ou d’une tragédie. Alors comédie ou tragédie judiciaire, l’avenir nous dira», charge Guy Marius Sagna. Et de décrire sa vie en prison non sans comparer le Camp pénal aux prisons «supermax» des Usa. «Je suis à la chambre 8 du quartier de haute sécurité (QHS8) de la prison du Camp pénal. Il existe ce qu’on appelle des prisons de ‘type F‘ qui sont équipées exclusivement de cellules pour une à trois personnes. Ces prisons s’inspirent des prisons ‘supermax’ des États-unis qui visent à mater des prisonniers déclarés incontrôlables et qui sont confinés comme nous l’apprend Angela Davis ‘à divers degrés d’isolement temporel’. Le camp pénal n’est pas une prison de ‘Type F’ mais une maison classique avec dortoirs. Mais son quartier de haute sécurité (QHS) a les mêmes cellules que les prisons de ‘type F’. En Turquie en 2000, des prisonniers turcs ont observé une grève de la faim à mort afin de protester contre la décision gouvernementale d’introduire des prisons de ‘type f’. En 2002 plus de 50 prisonniers turcs sont morts des suites de leur grève de la faim», soutient-t-il. Et Guy Marius Sagna de poursuivre : « (…) Le Camp pénal n’est pas une prison de ‘type f’ mais en son sein, son QHS a été construit exactement comme une prison de ‘type f’. (…) Bien que les autorités carcérales justifient la nécessité de ces prisons supermax en arguant qu’elles abritent uniquement les individus les plus dangereux, fauteurs de troubles ou fugitifs potentiels. Il existe peu de garde-fous pour empêcher d’autres prisonniers de se voir transférés de façon arbitraire ou discriminatoire vers ces établissements. Malheureusement pour Macky Sale et le ministre de l’Intérieur, je suis Sénégalais et donc ils ne peuvent m’expulser du Sénégal comme ils ont su malheureusement expulser Kemi Seba du Sénégal pour la deuxième fois». Pour conclure, l’activiste affirme avoir choisi «de mettre sa vie en jeu afin de sortir le Sénégal et l’Afrique de ce jeu politicien, néocolonial, parasitaire de nos élus qui nous maintiennent dans la pauvreté, la domination. Nous ne sommes pas obligés d’accepter le Sénégal, l’Afrique et le monde tels qu’ils sont. Nous avons choisi la liberté».
Mamadou GACKO