Le chef de l’Etat et chef de l’Apr est acculé de tous parts. Les enseignants, les étudiants et les défenseurs des droits de l’Homme exigent l’annulation de la hausse du prix de l’électricité et la libération des personnes arrêtées. D’un autre côté, les querelles intestines des responsables apéristes lui donnent le tournis.
La pression s’accentue sur le président de la République. Il faut dire que le climat social est devenu électrique. Macky Sall est sous pression depuis plus d’une semaine, surtout depuis la hausse annoncée du prix de l’électricité. Mais la tension est montée d’un cran depuis la marche et l’emprisonnement des activistes Guy Marius Sagna, le leader des Forces démocratiques du Sénégal (Fds), Babacar Diop, et les sept autres personnes qui s’en est suivi. En effet, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, où enseigne le professeur de philosophie Babacar Diop, est en ébullition. Des étudiants perturbent régulièrement les cours pour exiger sa libération ainsi que celle de ses co-détenus. Ces étudiants sont soutenus par les syndicats d’enseignants du supérieur qui exigent également la libération des prisonniers. En outre, ces enseignants menacent de porter plainte contre l’Etat du Sénégal auprès des instances internationales pour exiger la libération de leur collègue.
Babacar Diop, Guy Marius Sagna et sept autres personnes sont en prison depuis plus de deux semaines. Ils avaient été arrêtés pour avoir manifesté devant les grilles du palais de la République. Aujourd’hui, les syndicats d’enseignants du moyen et du secondaire sont entrés dans la danse. Ils réclament la libération des personnes arrêtées d’une part, et d’autre part, exigent l’annulation de la hausse du prix de l’électricité. Mieux, ils menacent surtout d’aller en grève si le gouvernement ne renonce pas à cette hausse. C’est dire que tous les ingrédients sont réunis pour la perturbation de l’école sénégalaise qui connaît une accalmie depuis le début de l’année scolaire.
Les travailleurs de la Sde donnent également le tournis au chef de l’Etat. Certes, ils ont repris le travail après une semaine de grève, après avoir obtenu une satisfaction partielle de leurs revendications, mais le climat reste très tendu dans ce secteur si stratégique. En outre, cette grève a montré à Macky Sall qu’une catégorie des travailleurs peut priver d’eau des millions de Sénégalais. A cela, il faut ajouter la tragédie qui s’est déroulé aux larges des côtes mauritaniennes avec la mort par noyage d’une quinzaine de jeunes sénégalais qui tentaient de se rendre en Europe de manière clandestine. Ce drame qui a choqué le pays tout entier, est la preuve que les choses ne bougent pas du point de vue économique. Malgré le triomphalisme du gouvernement qui parle d’un taux de croissance de plus de 6 %, le chômage reste endémique et les jeunes n’ont plus aucun espoir.
A cela, il faut ajouter les querelles intestines qui minent l’Apr, le parti présidentiel. Ces insultes entre responsables apéristes sapent l’autorité du Président Macky Sall. Inspirés certainement par les hauts responsables du parti, des jeunes membres de la Cojer de Ouakam ont tancé Macky Sall. Ils exigent leur part du pouvoir. «Aujourd’hui force est de constater que nous sommes associés à aucune des politiques d’encadrement, de développement ou de formation des jeunes», disent-ils. Puis ils ajoutent: «Monsieur le président de l’Apr, les jeunes de votre parti à Ouakam vous interpellent sur leur situation. Ces jeunes, depuis la création du parti, ont très tôt enfilé leurs casquettes de militants pour vous porter à la magistrature suprême. Nous sommes les véritables artisans de toutes les victoires de l’Apr à Ouakam».
Charles Gaïky DIENE