Les travailleurs de la SDE sont plus que déterminés à poursuivre le combat pour obtenir les 15 % des actions dans la nouvelle société chargée de la gestion de l’hydraulique urbaine. Ces derniers qui ont vu le décret du président Macky Sall tombé comme un couperet sur leur tête entendent attaquer l’Etat au niveau des organisations internationales du travail.
Le décret du président Macky Sall ne fait pas reculer les travailleurs de la Sde qui étaient en grève depuis quelques jours pour réclamer leurs 10 % dans la gestion de l’eau urbaine. La rencontre, d’hier, entre les agents de la Sde et le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam n’a rien donné. En effet, les deux parties n’ont pas trouvé des plages de convergences. Le gouvernement reste toujours sur sa position à savoir les 7 % et les travailleurs de la Sde n’entendent pas abdiquer aussi. «Nous avons fini nos négociations avec le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam. Mais pour vous dire la vérité, on n’a pas vidé tous les points d’achoppement. Nous devons tenir une Assemblée générale, demain (aujourd’hui, Ndlr), à 8 heures», renseigne Elimane Diouf, coordonnateur de l’Intersyndical des travailleurs de la Sde joint au téléphone par Walf Quotidien.
Pour Elimane Diouf, l’Assemblée générale sera une occasion pour les travailleurs de la Sde de se pencher sur le décret présidentiel et la conduite à tenir. «Nous n’avons trouvé aucun terrain d’entente avec le ministre de l’Eau, il campe toujours sur sa position à savoir les 7 %. Nous avons beaucoup échangé sur le décret, mais il n’y a pas eu d’évolution, d’ailleurs nous devons nous retrouver encore le lundi dans l’après-midi pour continuer les échanges. Nous avons convoqué une Assemblée générale demain pour discuter sur le décret avec les travailleurs de la Sde», insiste-t-il.
Concernant leur appréciation sur le décret du chef de l’Etat, le coordonnateur de l’Intersyndicale des travailleurs de la Sde estime sur le fond que sur la forme c’est une mesure qui est illégale. Parce qu’elle viole la constitution dans laquelle il a été bel et bien précisé que le droit de grève est reconnu. Pis, martèle-t-il, cette disposition viole encore la Convention 98 sur la liberté syndicale. Bref, résume-t-il, c’est un décret impersonnel, parce qu’il vise des personnes et non un ensemble de personne. Vu sur tous ces angles, il affirme que le président de la République aurait dû avec toute la solennité convoquer les travailleurs de la Sde et leur demander de suspendre leur mot d’ordre de grève en attendant de trouver des solutions.
Car, c’était plus simple que de prendre un décret qui va ternir encore l’image du pays, parce qu’il sera attaqué au plan international, car, ils vont saisir toutes les organisations internationales notamment l’Organisation internationale du travail (Oit), le Bureau international du travail (Bit) et au niveau des juridictions internes même. Parce que les travailleurs de la Sde ne veulent pas que cet acte continue à exister dans le corpus juridique du Sénégal, pour ne pas empiéter le droit de grève dans ce pays. «C’est une mesure extrême qui ne se justifie pas. Mais nous estimons que c’est un abus d’autorité qui frise la violation de toutes les conventions que notre pays a signées en termes de liberté syndicale et de droit de grève. Et pour nous c’est un recul énorme de notre démocratie. Ça ne grandit pas notre pays», dénonce-t-il.
Samba BARRY