Le Sénégal peine toujours à bénéficier au maximum des revenus issus de l’exploitation de ses ressources minières dans la partie orientale du Sénégal. S’il en est ainsi, c’est parce que le pays n’a pas pris les dispositions adéquates pour capter de façon optimale cette manne financière qui se retrouve le plus souvent dans les caisses des compagnies étrangères.
Auparavant, le secteur minier était beaucoup plus considéré comme une mamelle qui avait pour principale mission de renflouer les caisses de l’Etat à travers les taxes, les impôts et autres. Mais aujourd’hui, du fait des évolutions et des mutations, le secteur minier est considéré comme un secteur stratégique qui doit contribuer à la croissance, au développement et à la réduction de la pauvreté. Certaines statistiques du ministère des Mines et de la Géologie, issues des exploitations, révèlent que les revenus offraient une marge de manœuvre extrêmement importante en ce qui concerne la valorisation du contenu local. Mieux, il a été constaté que des 100 % de revenus générés par l’activité minière souvent, ce sont les 17 % qui reviennent à l’Etat du Sénégal, les 18 % à la société minière et près de 65 % des recettes devraient revenir aux employés, fournisseurs et prestataires. Mais à ce niveau aussi beaucoup de problèmes se posent. D’où l’importance, d’un forum sur la promotion du contenu local dans le secteur minier au Sénégal qui a démarré, hier, à Dakar. Il s’agit à travers cette rencontre d’analyser les enjeux et défis qui se présentent actuellement dans ce secteur et de permettre à nos opérateurs, aux populations et aux jeunes à la recherche d’emplois de pouvoir disposer de capacités suffisantes pour relever le défi et contribuer à la valorisation de nos potentiels. «Les dispositifs existants ne nous permettent pas, aujourd’hui, de réunir toutes les conditions pour pouvoir capter de façon optimale cette manne financière. Et sur cette manne même il n’y a à peu près que 20 % qui sont captés par nos entrepreneurs nationaux. C’est pour dire les énormes défis et enjeux qui se posent à l’exploitation des mines dans notre pays», reconnait Ibrahima Guèye, Secrétaire général du ministre des Mines et de la Géologie. Ce dernier soutient que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a sorti une loi modèle sur les ressources minières et les ressources minérales qui préconisent et suggèrent aux différents Etats membres d’élaborer une stratégie nationale avec l’ensemble des acteurs pour le développement du contenu local. Dans le document de presse, il est noté que le Sénégal oriental est doté d’importantes ressources minières. Et c’est dans cette partie du pays que se situent les différentes réserves de minerais estimées à 800 millions de tonnes de minerais de fer de bonne qualité répartis dans les 3 principaux massifs de Koudékourou, de Kouroudiako et de Karakaène. Mais aussi 376,7 tonnes d’or au niveau des sites de Sabodola, Massawa, Boto, Tomboronkoto, Goulama et Masato, où encore 1,4 million de tonnes de marbre à Bel Ndébu et Bandafassi voire 2 mille tonnes d’uranium à Saraya. Sans compter les nombreux autres minerais tels que le manganèse, le diamant etc.
Il est également relevé que malgré le renforcement de capacités des fournisseurs locaux pour hisser leur niveau de compétences dans l’exercice de leurs métiers, la promotion du contenu local demeure une véritable problématique. «Notre préoccupation est que le Sénégal ait une exploitation des ressources naturelles qui impacte sur l’amélioration des conditions de vie des populations. Surtout celles qui vivent dans les zones extractives qui paient souvent le plus lourd tribut sur les conséquences de l’exploitation des ressources minières. Nous avons des possibilités de profiter de nos ressources naturelles et c’est tout le sens de ce forum. Il ne s’agit pas seulement aussi d’aménager une loi et de s’en limiter là. Le travail doit être suivi. Parce que nous avons une loi sur les hydrocarbures, mais nous peinons à profiter de ses acquis», déclare Moussa Mbaye Secrétaire exécutif de Enda Tiers Monde.
Samba BARRY