La paix était au cœur de la rencontre entre le candidat Ousmane Sonko et les membres de la plateforme des femmes pour la paix en Casamance. Au cours de cette cérémonie d’audition, le leader de Pastef a rejeté toute idée de statut spécial ou d’autonomie pour la Casamance, proposant une autre voix : aller chercher ses «frères» dans le maquis.
Correspondance – L’autonomie ou un statut spécial pour la Casamance sont des hypothèses à bannir dans le règlement du conflit en Casamance. Le conseil est du leader de Pastef. D’ailleurs, Ousmane Sonko se dit foncièrement contre ces deux schémas. Parce que pour lui, si on accorde aujourd’hui un statut spécial ou une autonomie à cette région, on va stigmatiser beaucoup plus les Casamançais. «Ce qui fera d’eux des gens spéciaux, des gens à part», dit-il. Alors qu’il se trouve, selon lui, que les problèmes qu’il y a en Casamance sont les mêmes, quelquefois à des proportions beaucoup plus importantes, que nous observons dans les autres régions. «Dès qu’on est dans une logique d’accorder des statuts spéciaux, toutes les autres régions vont en réclamer. En ce moment, on perd le combat de la construction d’une nation sénégalaise, forte, harmonieuse, mais dans la diversité, partageant les mêmes principes et les mêmes principes communs de vouloir vivre ensemble», argumente le leader des patriotes qui pense que la démarche la plus pertinente, c’est la mise en place d’une politique ardue de décentralisation, identique pour toutes les régions du Sénégal.
Mais, au lieu de cela, Ousmane Sonko remarque que les tenants du pouvoir depuis l’indépendance du Sénégal ont mis en place les ingrédients d’une velléité indépendantiste en Casamance avec des politiques discriminatoires. Parmi les problèmes ainsi créés, il a identifié les barrières culturelles qui ont pu provoquer un sentiment de non appartenance chez certains. «Après l’indépendance, la Casamance n’a pas été bien intégrée au reste du Sénégal, pas sur le plan économique, mais sur le plan culturel. Il y a des spécificités culturelles très fortes en Casamance que vous ne trouverez pas dans le reste du Sénégal», fait-il remarquer. Cela donne, à son avis, l’impression qu’il y a deux peuples différends. «Les migrations de part et d’autre du Sénégal ont fait tomber les barrières parce que quand les gens ne s’interpénètrent pas, il y a de la suspicion légitime», affirme le candidat de Pastef. Sonko se félicite donc que les barrières culturelles soient totalement tombées pour éliminer les germes de l’incompréhension.
Il y a aussi des problèmes d’ordre administratif avec le débarquement des administrateurs qui se comportent en colon au mépris des réalités culturelles de la région, à en croire le candidat de la coalition «Sonkoprésident». Ce qui «a heurté fortement les sensibilités locales». Mais, constate-t-il pour s’en féliciter, cette époque est révolue. «Aujourd’hui, ceux qui sont dans le commandement territorial s’adaptent aux réalités locales et agissent en bonne intelligence avec les populations qu’ils sont censés administrer». Seulement, il reste pour lui un élément important à régler, celui-là lié à la question du développement économique de la Casamance. Et c’est dans ce registre qu’il veut agir en cas d’élection, peiné qu’il est aujourd’hui par un constat amer : «La Casamance est la région la plus pauvre du Sénégal malgré les nombreux projets et programmes qui ont plus profité à des particuliers qu’aux populations». Dans ce cas, «comment peut-on parler de paix à des gens qui ont faim, si les conditions minimales du progrès social ne sont pas réunies», s’interroge-t-il. C’est pourquoi Sonko propose d’agir sur ce dernier volet, c’est-à-dire, le développement économique de la Casamance, mais aussi du Sénégal tout entier, parce que pour lui, la Casamance ne peut pas se développer et laisser derrière les autres régions. Ce sont toutes ces questions qui trouvent leurs solutions dans le programme concocté par le candidat «patriote» qui s’est engagé hier devant les membres de la plateforme des femmes pour la paix en Casamance à travailler au retour de la paix. Surtout qu’il semble avoir une démarche particulière. «Je ne vais pas négocier avec les indépendantistes. On ne négocie pas avec son frère, on va le chercher pour le ramener à la maison», ajoute Ousmane Sonko. Et c’est ce qu’il promet de faire quand les Sénégalais lui accorderont leur confiance le 24 février prochain.
Mamadou Papo MANE