L’opposition prévient l’administration contre tout parti pris en faveur du Pouvoir. La Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (POSE) qui regroupe l’ensemble des partis de l’opposition exige d’elle qu’elle reste républicaine et neutre dans le processus électoral et surtout le bras de fer qui l’oppose au pouvoir.
«Nous vous invitons instamment à faire preuve de neutralité au nom des principes républicains. Chacun d’entre vous doit assumer ses responsabilités», lit-on dans une lettre ouverte adressée aux autorités administratives impliquées dans le processus électoral. «Aucun ordre illégal ne saurait couvrir les manquements à vos devoirs républicains. Le cas échéant, vous devrez répondre des conséquences qui pourraient découler des actes posés ou des omissions commises en violation de la loi et des règlements en vue de favoriser le candidat sortant», poursuit Mame Adama Guèye, le coordonnateur national de la Pose. «Nous vous invitons à mesurer les enjeux des prochaines élections et prendre conscience du fait que des élections transparentes constituent la condition sine qua none de la préservation de la paix et de la stabilité de notre pays. La démocratie est notre patrimoine commun, la paix et la stabilité sociale sont notre richesse. Vous avez le devoir impérieux de les sauvegarder au nom de votre devoir d’allégeance à la République», poursuit-il.
Mame Adama Guèye indique que de par leurs fonctions, les fonctionnaires sont amenés à jouer le rôle qui leur est imparti par la loi dans le processus électoral à différents niveaux. Il rappelle que les prochaines élections présidentielles vont mettre en présence plusieurs candidats, dont le président de la République en exercice, candidat à sa propre succession. Il faut relever, dit-il, pour le regretter, que l’administration a généralement tendance à favoriser le candidat sortant au détriment des autres candidats. Et à l’en croire, une telle attitude résulte de la confusion volontaire ou involontaire entre le devoir normal de loyauté de l’Administration à l’égard du pouvoir en place et l’allégeance consentie au nom d’intérêts inavouables. «L’allégeance n’est due qu’à la République. Le devoir de loyauté a comme limite l’exigence absolue du respect de la loi et du principe républicain de neutralité», conclut-il.
Avant l’administration, le coordonnateur national de la Pose avait écrit aux magistrats du Conseil constitutionnel et surtout aux forces de sécurité pour leur demander de ne jamais perdre de vue qu’en matière de contentieux électoral, il ne s’agit point d’une opposition entre l’Etat et des citoyens mais plutôt entre des acteurs politiques d’égale dignité, tenus aux mêmes devoirs et obligations et jouissant des mêmes droits. «Aussi vous est-il exigé d’adopter une posture républicaine qui vous impose de respecter les principes d’équité entre les candidats et vous interdit de cautionner la violation des principes fondamentaux qui gouvernent l’organisation d’élections démocratiques. Votre devoir est de défendre la République et non les intérêts politiques illégitimes du candidat sortant. Le cas échéant, les membres des forces de sécurité complices du candidat sortant dans son obsession irresponsable d’une réélection à tout prix et responsables de dérives répressives devront répondre de leurs actes. A cet égard un dispositif d’observation approprié sera mis en place pour documenter toutes les violations des droits humains», avait-il.
Charles Gaiky DIENE