L’affaire Ndiaga Diouf est loin de connaître son épilogue, malgré huit ans de procédure. Le procès en appel, prévu hier, a été ajourné jusqu’au 10 avril, c’est-à-dire après l’élection présidentielle du 24 février 2019. Retour sur les motifs du renvoi.
Huit ans de procédure et la fin de celle-ci n’est pas demain la veille. Le procès en appel dans l’affaire Ndiaga Diouf n’a pas eu lieu, comme attendu hier, devant la Cour d’appel de Dakar. C’est pour faire comparaître les parties civiles que le juge a décidé de renvoyer le jugement de Barthélémy Dias et Cie au 10 avril de la nouvelle année. «Le père du défunt Ndiaga Diouf est absent», a-t-il fait savoir, évoquant ainsi le motif du report de l’audience jusqu’après l’élection présidentielle du 24 février 2019. Le second motif du renvoi tient de l’absence de certains avocats de la défense à la barre. Et la troisième raison a trait à la prochaine élection qui, selon les parties prenantes, risque de perturber le déroulement normal de l’audience, en raison des acteurs politiques impliqués dans la cause. Me El Mamadou Ndiaye, avocat de Barthélémy Dias, souligne que le renvoi s’explique par l’accord de toutes les parties prenantes et du parquet qui ne veulent pas que les élections altèrent sur le bon déroulement de la suite du procès. «L’affaire est en état parce que les parties ont déjà reçu leurs citations, mais lorsqu’un dossier est en état, rien n’empêche le tribunal de le renvoyer afin de permettre aux parties de mieux préparer leurs défenses. L’essentiel des avocats constitués en première instance n’ont pas comparu», explique-t-il. Une position partagée par le parquet général.
Barthélémy Dias et 12 autres personnes avaient été arrêtés et jugés pour «coups mortels, coups et blessures volontaires, détention d’arme sans autorisation administrative, menaces verbales de mort et rassemblement illicite suivi d’actions diverses», en rapport avec le meurtre du jeune plombier et lutteur survenu en décembre 2011 devant la mairie Mermoz Sacré-Cœur. Mais ils ont été libérés avant le procès, au début de la seconde alternance. Le prix de sa libération a été le soutien de son père, Jean Paul Dias, au candidat d’alors, Macky Sall, durant l’entre-deux tours de la présidentielle de 2012.
En première instance, Dias-fils avait été condamné à 2 ans de prison dont 6 mois ferme, alors que le procureur de la République avait requis 10 ans. La même peine a été infligée à Habib Dieng et Babacar Faye. Samba Diouf alias Ndiol, Badara Guèye, Bocar Sy, Cheikh Diop, Seydina Oumar Mangane, Cheikh Mbackiyou Siby avaient récolté 2 ans avec sursis pour «association de malfaiteurs, participation à un rassemblement illicite suivi d’actions diverses». Les condamnés avaient également été condamnés à payer 25 millions de Fcfa à titre de dommages et intérêts à la famille de la victime. Quant à Abdoulaye Diène, Malick Thiombane, Hamath Guèye et Bocar Sy Doucouré, ils avaient été relaxés purement et simplement.
Salif KA