Depuis des années, les pèlerins au Magal de Touba souffrent du manque d’eau. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, le gouvernement met des moyens, mais rien. De quoi faire sortir Serigne Djily Fatah Mbacké, petits-fils de Serigne Fallou, de ses gonds, tout en suggérant à l’Etat d’alimenter la cité religieuse via le Lac de Guiers, mais dans la gratuité.
(Envoyé spécial) – Pour l’approvisionnement en eau, l’Office des forages ruraux (Ofor) et la Sénégalaise des eaux (Sde) se sont engagés à mettre à la disposition des usagers 100 camions citernes et au minimum 70 bâches souples à eau, lors du Comité régional de développement (Crd) sur le Magal de Touba. Mais le jour-J, Touba et les villages environnants sont restés sans eau. Le liquide précieux a été introuvable dans presque toutes les localités. Ndindi, Aïnoumadi 2 et Darou Khoudoss et toute la zone de Ndande font partie des centres les plus touchés par ce clavaire. Pour en trouver, certaines familles achètent des camions citernes à 15 000 Frs ou des bouteilles d’eau pour satisfaire les pèlerins. Dès l’entrée de Touba ou Mbaké, les fidèles sont vite mis au parfum de la situation. Des charrettes remplies de bidons de 20 litres sont à la recherche d’eau qui sera revendue dans les quartiers. D’après les résidents de certains quartiers tels «Niary étage», le manque d’eau dure depuis la Tabaski. A Ndindi situé à 15 km de Touba, la situation affecte les autorités religieuses.
Pas question de payer l’eau
Ce village natal de Serigne Fallou manque d’eau. Pour Serigne Djily Fatah Mbaké, la situation a trop duré. «Chaque année, on a un problème d’eau à Touba pendant le Magal. Je crois que l’on doit trouver une solution définitive au problème. L’Etat avait ramené les rails de Diourbel à Touba, pendant la construction de la grande mosquée de Touba. Aujourd’hui, les mêmes procédés peuvent être prospectés», explique-t-il. Pour régler ce problème d’eau, la meilleure solution est, selon lui, d’alimenter Touba depuis le Lac de Guiers. «Comme ils l’ont fait pour Dakar, approvisionner Touba à partir du Lac de Guiers est bien possible. L’Etat peut bien le faire, tout comme les mourides également», indique le petit-fils de Serigne Touba qui ne parait pas être d’accord avec la vente de l’eau dans la cité religieuse. «Certains demandent aux habitants de Touba de payer l’eau pour pouvoir y installer des infrastructures solides et avoir en permanence et suffisamment d’eau. Mais je leur dirai que cela est presque impossible dans une ville où c’est la gratuité qui prévaut depuis des années. Le Khalife a l’habitude de payer l’eau pour les populations. L’eau est indispensable pour le Magal de Touba. Il est temps que l’Etat prenne une solution définitive. Une trentaine de forages a été installé dans Touba et alentours à coût de milliards sans régler ce problème d’eau. Si l’Etat avait investi autant sur une canalisation Lac de Guier et Touba, le problème serait réglé», déclare Serigne Fatah.
Najib SAGNA