Bon nombre de Sénégalais partent chaque année à Touba pour la célébration du grand Magal. Mais nombre d’entre eux ignorent le sens véritable et la portée de cet évènement religieux d’envergure, au-delà de ce qu’il célèbre le départ en exil de Serigne Touba au Gabon.
En fait, contrairement à l’idée que fait l’opinion, la portée du Magal n’est pas la fin des épreuves et le triomphe du Cheikh, mais le début des fatalités et des atrocités face aux colons.
Célébré le 18ème jour du mois lunaire de Safar notamment le deuxième mois du calendrier musulman, chaque année, le grand Magal de Touba commémore le jour du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Une date à laquelle Serigne Touba est sorti de sa demeure de Mbacké Bâri pour accomplir le pacte qu’il a scellé avec le Prophète Mouhammad (Psl). Cette commémoration a été recommandée en personne par le Cheikh, un appel adressé à tous les fidèles musulmans, dont le but est, selon le fondateur du Mouridisme, de rendre grâce à Allah sur des faveurs qui lui sont parvenues. Lesquelles il a voulu partager avec toute la communauté. «Le 18ème Safar est une date du calendrier musulman dont le sens, la représentation et le contenu, travaillent l’esprit de plus d’un, au sein de la communauté des mourides. En effet, ce jour singulier en son genre marque le début d’un calvaire, d’une sommation d’épreuves, de preuves et de douleurs consciemment désirées et patiemment supportées. Un signal d’une trentaine d’années d’exil, d’emprisonnement, de surveillance, de privation, de solitude, de persécutions, etc.», lit-on dans le site Jazbul-murid.
Selon le tabloïd, le 18 Safar est aussi et surtout un moment de gratitude et de reconnaissance au Seigneur des univers qui, par sa grâce, a accompli l’œuvre du serviteur du Prophète (Psl). La particularité du Magal de Touba est, contrairement à ce que connaissait l’opinion, qu’il célèbre, non pas la fin des épreuves et le triomphe du Cheikh, mais le début des fatalités et des atrocités face à un adversaire (les Blancs) avide de sentiments et de compassions. D’après la source, Cheikh Ahmadou Bamba a justement choisi ce jour pour rendre grâce à Dieu avec cette conviction éclairée : «Le motif de mon départ en exil est la volonté que Dieu a eue d’élever mon rang jusqu’auprès de Lui, de faire de moi l’intercesseur des miens et le serviteur du Prophète (Psl)».
De ce fait, le Magal cache une réalité toute profonde, mystique qui procède d’un pacte originel contracté entre Cheikh Ahmadou Bamba et son créateur. Ce moment exceptionnel de la temporalité mouride, marque d’après toujours le site Jazbul-murid, l’acceptation de la loi divine dans toute sa rigueur, sans remords, ni remontrances. Cet instant festif certes, doit surtout être compris comme une fête de glorification, une prière participative et consciente du mouride, voire du musulman tout court, au chant de louange qui lie l’homme à Dieu. «À partir de là, et par-delà les festivités, la valeur symbolique du Magal réside dans le fait que cet événement consacre le seuil d’une ascèse, d’une quête gnostique qui aboutit pour Cheikhal Khadim à l’acquisition d’une place sublime parmi la garde rapprochée du Prophète Muhammad (Psl) et dans le royaume céleste de Dieu. C’est aussi le témoignage d’une foi ferme unifiant les races, les conditions et les aspirations sociales et sociétales», signale-t-elle.
Samba BARRY