Preuve à l’appui, l’avocat du jeune Omar Watt dément le directeur de l’hôpital Fann qui a récemment déclaré que l’intéressé n’a jamais été dans le coma.
Me Khoureychi Ba accuse Dr Cheikh Tacko Diop de «violation du secret professionnel», un délit passible d’une condamnation allant d’un à 6 mois d’emprisonnement.
La famille d’Oumar Watt, le jeune sénégalais qui a été tabassé par un militaire français, dément le directeur de l’hôpital Fann. Dr Cheikh Tacko Diop avait indiqué que l’intéressé n’a jamais été dans le coma, suite à l’incident survenu le 16 septembre dernier dans un dancing situé aux Almadies. «Le patient va beaucoup mieux. Il a marché en sortant de l’hôpital. Ce patient était conscient à son arrivée, est resté conscient, ainsi de même lors de sa sortie de l’hôpital», avait-il indiqué. Mais sa famille dit détenir un certificat attestant que le jeune Watt était bel et bien dans le coma. «Il a été admis à l’hôpital le 17 septembre. Un certificat a été délivré occasionnant l’arrestation du militaire. Dans ce certificat, il a été mentionné une indisponibilité de travail de 60 jours. Sa famille ne pouvait pas le voir car son médecin disait qu’il était dans le coma», a fait savoir Me Khoureychi Bâ, avocat de la famille Watt qui faisait face à la presse hier, à Dakar.
Selon l’avocat du jeune Watt, le médecin traitant, Pr Seydou Badiane, qui suivait Omar Watt au centre de neurologie de l’Hôpital Fann avait déclaré que les membres de sa famille ne peuvent le voir au motif qu’il était en réanimation. Il lui avait alors administré un certificat d’évacuation en France, faute de structure pouvant l’accueillir. «Le médecin, à un moment donné, avait reconnu qu’il fallait évacuer Oumar Watt. Il avait dit que les structures qui doivent l’accueillir n’existent pas à Dakar», a déclaré hier, à Dakar, Me Khoureychi Ba.
Me Ba accuse ainsi le directeur de l’hôpital Fann de «violation du secret professionnel». La victime est toujours dans un état critique, selon lui. «Il ne reconnait toujours pas son père, ni sa femme encore moins ses enfants. Sa vie est toujours en danger. Les Français ont marqué leur accord pour un transfèrement le plus rapide et le plus sécurisé possible d’Omar Watt en France dans leurs établissements. Mais le chef de service de l’hôpital, dont dépend le médecin traitant, leur en a dissuadé», ajoute-t-il.
Pour Me Khoureychi Bâ, une telle attitude indigne d’un agent assermenté est passible de poursuites judiciaires. «La violation du secret professionnel est un délit sévèrement réprimé de 1 à 6 mois de prison ferme au Sénégal et 50 000 à 300 000 F Cfa d’amende», a précisé l’avocat. Qui ajoute que le premier droit fondamental, c’est le respect de la dignité du malade qui impose au médecin la fidélité scrupuleuse au serment. Révélant qu’Omar Watt est actuellement hospitalisé dans une clinique de la place où sa famille assure les frais médicaux, l’avocat de la famille Watt tiendra les autorités publiques responsables de tout ce qui adviendra à son client. Parce que, souligne-t-il, l’état de santé de l’intéressé se détériore alors qu’il était contraint de sortir de l’hôpital Fann sans qu’il soit complétement guéri.
L’affaire prend une autre tournure
Ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Omar Watt prend une autre tournure. Ce n’est plus un duel entre la famille et les militaires français incriminés. Le débat a glissé sur un autre terrain car, maintenant, ça oppose la famille à l’hôpital Fann. Jusque-là, tout était bien parti car la procédure suivait son cours normal. Le mis en cause, un militaire français, a été incarcéré à la prison de Rebeuss, du moins selon l’annonce faite par les autorités, en attendant l’ouverture du procès.
Désormais, la polémique se joue entre les responsables de l’hôpital et les avocats de la victime.
Salif KA