Correspondance – Moins d’un an après que le coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodji, a tiré sa révérence, son organisation est en plein dans les affres de la division.
Une autre organisation, le Forum citoyen, née de ses flancs, a tenu son assemblée générale constitutive parallèlement à l’organisation mère qui, aux mêmes instants, était à Mbour pour une assemblée générale. Pour simplement dire que, même si le Docteur Binette Ndiaye, qui coordonne désormais cette nouvelle structure qu’est le Forum citoyen, refuse de parler de scission, tout laisse penser que les héritiers du regretté Mouhamadou Mbodji n’émettent plus sur les mêmes longueurs d’onde. «Nous ne considérons pas la naissance de notre organisation comme un éclatement mais plutôt une façon de renforcer davantage la société civile et perpétuer en conséquence l’œuvre de Mouhamadou Mbodji qui a consacré toute sa vie au combat citoyen», jure-t-elle. Aussi, selon elle, l’idée de la mise en place de cette organisation est née du constat fait que, de plus en plus on assiste à une crise des institutions et qu’en conséquence, en tant qu’acteurs de la société civile, ils se doivent d’œuvrer au renforcement de ces dites institutions et qu’il y ait une autonomisation des sessions.
Une crise des institutions à laquelle s’ajoute, dit-elle, celle des valeurs qui nécessite des séances de formation et la mise en place d’outils aptes à renforcer la citoyenneté active à toutes les échelles et la démocratie participative. Mais aussi et surtout, poursuit-elle, le Forum citoyen va, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, travailler pour une meilleure redistribution des différentes ressources qu’elles soient minérales, gazières, pétrolières ou même financières afin de redonner espoir à la jeunesse quant à la possibilité qu’elle a de construire son avenir sans avoir besoin d’emprunter les voies de l’exode. Aussi, la coordonnatrice de se porter en faux contre les allégations faisant état d’une certaine connexion entre cette nouvelle structure et le pouvoir étatique. «Nous n’avons aucune connexion avec l’Etat mais il est évident que nous allons continuer à nouer des alliances parce que nous avons opté pour la transformation stratégique. Ce qui ne peut pas se faire de manière isolée», indique Docteur Binette Ndiaye. Et à ce titre, poursuit-elle, il faut qu’ils soient ensemble pour aller vers des conventions avec des institutions de l’Etat, surtout celles en charge de la lutte contre la corruption, celles de contrôle mais aussi les collectivités territoriales. «De moins en moins, vous allez nous entendre dans la dénonciation mais de plus en plus vous nous verrez sur le terrain car nous serons aux côtés des citoyens», promet-elle.
Toute orientation qui, si l’on en juge par la déclaration finale qui a sanctionné les travaux de l’assemblée générale constitutive, répond aux exigences d’un contexte où la crise des valeurs a fait voler en éclats la cohésion sociale et la solidarité entre les individus. Mais aussi, selon toujours le même document, un contexte où la méfiance croissante à l’égard des institutions politiques se manifeste par la perte de confiance aux différents pouvoirs avec comme conséquence «l’ombre hideuse de la contestation avec ses corollaires de violences verbales et physiques, de destruction, de souffrance et de perte d’espoir des jeunes qui se tournent vers l’exil, pensant réaliser leur avenir dans une Europe qui se barricade de plus en plus». Tout cela pour simplement dire, poursuit ladite déclaration, l’urgence qu’il y a d’aller vers un sursaut national pour la construction d’une société plus juste et plus inclusive qui permette à tout un chacun de réaliser son projet de vie et de s’épanouir. Laquelle construction passe par des concessions mutuelles de la part des acteurs politiques qui sont appelés à taire les intérêts crypto personnels pour ne considérer, comme priorité, que l’intérêt exclusif de la nation sénégalaise.
Sidy DIENG