L’indépendance de la justice tant évoquée par les magistrats ne profite pas seulement aux acteurs mais à tous les Sénégalais. C’est la précision faite, hier, par Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) qui souligne que «cette indépendance doit impérativement passer par une gestion du Conseil supérieur de la magistrature par une entité indépendante».
Les propositions formulées sur les réformes de la justice, depuis décembre 2017, continuent de créer des polémiques. Contrairement à ce que pensent les autorités sur les propositions faites par les acteurs de la justice pour son indépendance, les magistrats, par la voix de Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) ont apporté des éclaircissements. Pour mettre fin à ces supputations faisant croire que leurs propositions ont été formulées uniquement par les magistrats pour défendre leurs propres intérêts, ces derniers ont apporté des précisions, hier, en marge d’un atelier de suivi desdites propositions. Pour eux, elles sont issues de larges concertations entre les magistrats et au-delà de la justice. «On a tenté de nous accuser d’être dans une posture corporatiste. Dans tous les Etats de droit, quand l’Exécutif contrôle la gestion de la carrière des magistrats, il y’aura indirectement une pression sur les juges. Ces propositions ne sont pas des propositions du bureau de l’Ums. C’était une démarche inclusive qui a été adoptée. L’objet de cette rencontre est de lever certaines équivoques à propos de l’indépendance de la justice», a laissé entendre, Souleymane Téliko, président de l’Ums.
Pour ce dernier, la gestion de la carrière des magistrats par des membres de l’Exécutif est révolue. Leur combat est de rendre indépendante la justice au nom des citoyens et non de s’en servir. Et que ces propositions sur les réformes du Conseil supérieur de la magistrature (Csm) concernent sa composition, ses attributions et son fonctionnement, selon lui. «Nous avons dit qu’il n’est pas normal que du point de vue de l’image et de la perception que l’on peut avoir de la justice, qu’un organe aussi central que le Conseil supérieur de la magistrature soit dirigé par les membres de l’Exécutif. Cela est révolu. Nous voulons que cette gestion sorte des mains de l’Exécutif afin que notre carrière soit gérée par une entité indépendante», évoque le président de l’Ums. Pour lui, la présence de l’Exécutif au niveau du Csm ne milite pas pour l’indépendance de la justice. Parce que, même si le conseil est composé de 15 magistrats et de 2 membres non magistrats, le pouvoir de l’Exécutif s’impose, dit-il. «Ce n’est pas le nombre qui compte mais l’étendue. Dans les faits, c’est l’Exécutif qui gère la carrière des magistrats. Cela est un moyen de pression sur les juges. Il y’a deux prérogatives qui existent au niveau de ce conseil. C’est la proposition et la nomination. La première est exercée par le ministre et la seconde par le président de la République», relativise le juge Téliko.
Salif KA