Air Sénégal SA est toujours clouée au sol. Les futurs clients devront attendre que la nouvelle compagnie nationale obtienne la codification IATA pour pouvoir décoller.
«Heureux de voir cette nouvelle offre de transport national qui allie modernité, sécurité et qualité, et qui assurera une plus grande mobilité à nos compatriotes. Bon vol!», pouvait-on lire, le 30 avril dernier, sur le compte tweeter du président Macky Sall. Mais il apparaît aujourd’hui que l’équipe dirigée par Phillip Bhon s’était précipitée en lançant le vol d’Air Sénégal SA sur la ligne Dakar-Ziguinchor.
Il convient de rappeler que quatre jours plus tôt, Maïmouna Ndoye Seck, ministre des Transports aériens, avait, elle aussi, annoncé le démarrage imminent du nouveau pavillon national. « Air Sénégal SA démarre ses activités la semaine prochaine», avait-elle soutenu, le 26 avril dernier, en marge de la réunion des ministres en charge de l’aviation dans 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Apparemment, cette déclaration de l’autorité de tutelle avait mis la pression sur la direction d’Air Sénégal qui voulait à tout prix respecter ce délai. Toutefois le manque d’informations précises sur l’acquisition des 2 appareils ATR et le recrutement d’un personnel de qualité laissait présager un décollage difficile. A cela, s’ajoute le fait que le transport aérien soit un secteur strictement réglementé pour garantir aux voyageurs et à l’équipage des avions le maximum de sécurité. Afin d’éviter les pertes de recettes constatées au lancement de Sénégal Airlines, la défunte compagnie nationale de transport aérien, la vente des billets à travers un bon réseau de distribution est aussi un impératif. Or, il n’existe pas encore de canaux fiables pour assurer cette vente. Dans un article publié sur un site sénégalais, l’expert consultant en transport aérien précise que «lancer des vols commerciaux suppose quand même qu’il y ait des passagers ayant payé leurs billets d’avion. Et pour avoir plusieurs de ces passagers clients sur un vol quelconque, il faudrait qu’en amont, que l’on ait eu un temps suffisant de vente les billets, un à deux mois de ventes préalables, c’est la tradition dans la distribution aérienne». Selon lui, le lancement du vol inaugural d’Air Sénégal s’est fait en «catimini». «C’est presque en rasant les murs que Air Sénégal SA a pu lancer son vol inaugural, avec une immatriculation de circonstance, 6VAMS, qui est celle d’un des ATR. Car il ne peut s’agir, en l’occurrence, d’un vol commercial de la compagnie proprement dite. Le cas échéant, ce vol inaugural devrait opérer sous une codification IATA. Le hic, c’est qu’elle ne peut pas le faire avec un code d’identification professionnelle. Le code IATA prévu est HC, il est encore provisoire. Il n’est pas encore activé dans les GDS, dans les réseaux mondiaux de distribution, dans les aéroports ni chez les partenaires techniques de l’aviation civile internationale. Notre pavillon national n’ayant pas encore de code IATA», a-t-il précisé. A l’en croire, l’Etat du Sénégal a fait le forcing pour obtenir un Permis d’exploitation aérien (PEA) auprès de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie «(ANACIM). A rappeler également qu’une bonne partie des cadres dirigeants de l’aviation civile nationale ont été inculpés par le procureur de la République pour des manquements liés au crash de Sénégal Air. Ils sont actuellement six, dont le directeur de l’ANACIM, le directeur de Sénégal Air, l’expert en sécurité, un contrôleur aérien, un inspecteur de navigation et le directeur des Transports aériens, à devoir rendre des comptes devant la justice. Le 5 septembre 2015, l’avion de Sénégal Air était entré en collision en plein vol un appareil de la compagnie Ceiba. Il s’en était suivi un crash de l’avion de la compagnie nationale sénégalaise d’alors. Voilà qui pourrait faire fuir d’éventuels partenaires internationaux du Sénégal.
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