La Pensée soufie : Entre croyance et méfiance
Lectures et analyses à travers trois thèses universitaires publiées par trois docteurs :
– Dr El Hadj NDIAYE de Thiarkane
– Pr Ousmane DIA
– Dr Muhammad Ahmad LO
Préambule
Le Khalife Omar Ibn Abd Al Aziz, avait écrit à l’érudit Al-Hassan Al-Basri, pour l’interpeller : «Parle-moi de la vie et décris-moi l’au-delà». Al-Hassan Al-Basri lui répondit : «La vie est un rêve et l’au-delà est un réveil. La mort est le trait d’union reliant les deux. Et nous, nous sommes dans un profond sommeil. Qui fait ses comptes, gagne en profit. Qui les néglige, perd. Qui observe la finalité est sauf. Qui suit ses passions, s’égare. Qui pardonne, gagne. Qui craint, échappe. Qui tire des enseignements, voit. Qui voit, comprend. Qui comprend, apprend. Qui apprend, pratique. Qui trébuche, s’amende. Si tu regrettes, abandonne. Si tu ignores, demande. Si tu es fâché, retiens-toi».
«Oh vous adorateurs des palais, ayez pitié des adorateurs des tombeaux», Abdu Hassan An Nadawi.
Un soir, un poète s’est introduit dans la cour du roi qu’il trouva en compagnie de convives autour d’un buffet. Dès qu’il le vit, le roi l’interpella lui demandant de se rapprocher.
- Oh le poète, s’exclama le souverain
- Le poète : Oui, le roi
- Le roi : Wa
- Le poète : Ina
A cette réponse du poète, le roi entra dans une colère noire et demanda à ses gardes de l’expulser. Certains de ceux qui assistaient à l’échange de manifester leur incompréhension : «Nous ne comprenons pas. Qu’est-ce qui s’est passé entre vous, Majesté. Vous lui avez dit «wa» et il a répondu «ina». Que veulent dire ces mots ?»
Le roi : Quand je lui ai dit «wa», je voulais dire : «Quant aux poètes, ce sont les égarés qui les suivent». Et quand lui, il répondit «ina», il veut dire : «Quand les rois entrent dans une cité, ils la corrompent, et font de ses honorables citoyens des humiliés…».
Dédicace
A travers cette œuvre, je cherche inlassablement à renforcer la vérité et à combattre le faux. Un travail que je fais à l’honneur de :
Ma mère
La chérifa Aminatou AÏDARA qui m’a inculqué l’éthique et l’objectivité qui fondent mes recherches. Elle me rappelait toujours que chaque thèse comporte deux points de vue différents.
A mon père
Le grand érudit, le poète El Hadji Khalifa Mouhamed Niass. Cette montagne de sagesse qui n’a pas hésité à brandir son épée pour s’insurger contre la propagande et les contrevérités visant l’Islam et le fondateur de la Tidiania, Cheikh Ahmed Tidiane, dont il s’est nourri de la sève abondante.
A mon oncle
Cheikh al-Islam, El Hadji Ibrahima Niass, le rénovateur qui ne pouvait s’accommoder du dogmatisme.
Je dédie également cet ouvrage à
Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké, fils de Khadimou Rassoul Cheikh Ahmadou Bamba, qui a éclairé les horizons de la confrérie mouride par son savoir et ses enseignements ;
Aux petits-fils du grand sage, de l’érudit, Thierno Mountaga Ahmed Tall qui a rassemblé le legs du grand combattant, l’érudit multidimensionnel, El Hadji Oumar Foutiyou Tall, à travers une œuvre universellement reconnue.
A Cheikh Abdoul Aziz Sy Al Amine, défunt khalife général des Tidianes, qui a rassemblé les œuvres scientifiques et littératures de la famille El Hadji Malick Sy qui resplendissent de savoir et de connaissance
C’est sur leurs pas que je marche et, à travers leurs enseignements, j’engage ma voie. Que Dieu exauce leurs plus intimes prières et bénisse les continuateurs de leurs œuvres.
INTRODUCTION
Ceci est une réflexion autour de productions littéraires et philosophiques de trois sommités parmi l’élite sénégalaise. Elles ont publié des thèses universitaires attrayantes, qui m’ont poussé à m’arrêter et à méditer devant ces tiraillements entre l’enracinement et l’ouverture, d’une part, et entre wahabites et soufis, d’autre part.
Une confrontation qui remonte à l’avènement de l’Islam et à son expansion dans la sous-région sahélienne de l’Afrique de l’Ouest. Laquelle opposition met face-à-face wahabites venant des Etats du Golfe et soufis présents dans les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. Les premiers, savants spécialistes de la linguistique et de la jurisprudence islamique, se sont arrêtés au texte. Ils sont qualifiés d’orthodoxes. Les seconds sont des érudits associant lecture et interprétation. Ne se limitant pas à ce qui est consigné, ils ont amorcé une lecture entre les lignes. Ils sont qualifiés de gnostiques et d’exégètes.
Et commença la contradiction faite de jeu de mots durs. Pendant que les wahabites accusent les soufis d’incrédulité et d’innovation blâmable, ceux-ci taxent leurs accusateurs d’ignorants, d’arriérés, de marionnettes et de mercenaires de la pensée. Cette controverse dure depuis de nombreuses générations.
Ainsi, avec le temps, les soufis se sont solidement enracinés au Sénégal parmi les pays du Sahel de l’Afrique de l’Ouest tandis que le Salafisme, dont l’essor est assujetti à l’abondance ou au tarissement de ses ressources, est resté un mouvement assimilable à un agissement d’adolescent que les âges finissent par rendre lassant.
En effet, le soufisme s’est toujours appuyé sur ses propres moyens, tandis que ceux des Wahabites viennent de l’extérieur. Le premier, de par sa popularité, s’est répandu en se fortifiant avec le temps. Quant au second, il suit les fluctuations au Moyen-Orient avec des flux et reflux qui dépendent de la géopolitique et des relations internationales.
Cette polémique s’est d’abord développée à travers l’oralité avec un caractère de dénigrement, avant de se manifester faiblement à l’écrit. Sous forme d’attaques de wahabites et de répliques de soufis, la controverse a fini par atteindre des proportions inquiétantes divisant de plus en plus les musulmans.
Dernièrement, est apparue au Sénégal une génération parmi l’élite qui a ravivé la contradiction à travers la publication de thèses universitaires. Ainsi, entre dénégation et appréciation, entre refus et acceptation, entre destruction et construction, l’opposition wahabites /soufis a repris pied au Sénégal.
A travers cette œuvre, j’ai essayé de rassembler, de manière synthétique, la quintessence des trois thèses précitées. J’ai commencé, avec la méthode de la pyramide renversée, par la dernière production pour remonter vers la plus ancienne, avec des regards furtifs posés sur les deux premières qui ont une approche nouvelle qui en est encore à ses balbutiements. Une démarche qui mérite d’être encouragée, le temps se chargera de mieux l’évaluer.
Je me suis davantage arrêté à l’ancienne thèse, celle du Dr Muhammad Ahmad Lô, dans la troisième partie de cette œuvre pour études et analyses de manière objective.
J’ai procédé à une lecture approfondie de la thèse du Docteur El Hadji Ndiaye, consacrée à Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké et à sa méthodologie, dans son livre intitulé : «Minanoul–Bakhil–Khadim» (Les Bienfaits de l’Eternel). Ce qui a le plus attiré mon attention, c’est la nouvelle approche dans le traitement du legs philosophique et littéraire soufi au Sénégal.
Par la suite, j’ai lu la thèse du Dr Ousmane Dia, La Tidjaniya dans la littérature sénégalaise d’expression arabe, qui, elle aussi, pose un regard nouveau sur ce legs littéraire et philosophique soufi, en liant le passé au présent. Pourtant, cette élite sénégalaise nous avait habitués à une rupture entre l’ancienne génération de source soufie et la dernière salafiste.
Plus tard, je me suis rappelé d’une autre thèse, plus ancienne, soutenue, dans le cadre d’un mémoire de maîtrise, par le Dr Muhammad Ahmad Lô, sous le titre : Divinisation des hommes dans la pensée soufie : analyse et commentaire à la lumière du Coran et de la Sounna. Une thèse, parue en deux tomes, bien connue des wahabites qui en usent et en abusent, en s’en prenant aux soufis.
Pour plusieurs raisons, j’ai beaucoup hésité avant de me mêler à ce débat houleux. D’abord, parce que j’ai toujours considéré que c’est un débat passionné, mais pas passionnant parce que partisan. L’autre raison est que je ne pouvais pas juste me contenter d’en dire deux mots. Alors que dégager une position, à travers une étude sérieuse, nécessite un temps que je n’avais pas.
Toutefois, à un moment, je me suis dit au fond de moi-même, que je ne pouvais guère ne pas intervenir au risque de manquer à une obligation. Ainsi, je me suis résolu à faire une étude sur trois thèses, à travers des lignes dont la longueur n’altérerait pas le fond de ma pensée. C’est pourquoi, pour mettre directement le lecteur au cœur du débat, avec une mise en exergue saillante de la présente problématique, je me suis arrêté devant des penseurs reconnus au Sénégal. Sans les reprendre constamment et à profusion, à travers des citations, je me suis plus intéressé au fond scientifique de leurs ouvrages. Ceci parce que les textes, dont il est question, ne sont pas à la portée de la majorité de mes interlocuteurs qui n’ont pas idée ni du sujet ni du thème et ses fondements. Je considère cette œuvre comme une vision analytique et non une thèse académique. En ce sens, je n’ai pas jugé utile de m’étaler, mais plutôt de me suffire à l’essentiel de manière synthétique, en me concentrant sur le fondement du sujet. Passionné de lecture, je n’en abhorre pas moins ces si lancinants gonflages dont certains auteurs ne peuvent se départir. Il n’est pas question de quantité, mais plutôt de compréhension. La modération dans l’usage des citations explique la rareté des renvois qui ne doivent pas faire de l’ouvrage un condensé d’indications.
1ère Partie
En marche de Minanoul-Bakhil-Khadim (Les Bienfaits de l’Eternel)
INTRODUCTION
Avant d’aborder la thèse du Dr El Hadji Ndiaye, un rapide survol des ouvrages en question paraît opportun. Le Dr Ndiaye traite de la confrérie soufie à travers un courant de pensée très riche de par son fondateur qui est une communauté à lui tout seul (Cheikh Ahmadou Bamba) et de par son fils prodige Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké. Ce dernier a rassemblé les fondements de cette pensée pour en éclairer les bases avec maîtrise et clairvoyance.
Concernant la thèse du Dr Ousmane Dia, La Tidiania dans la littérature sénégalaise d’expression arabe, on distingue assez nettement la volonté de l’auteur de rassembler de manière inclusive toute cette pensée éparpillée.
S’agissant de la thèse sur la divinisation des hommes du Dr Mouhamed Ahmad Lô, elle est venue dans le sens opposé pour devenir le troisième élément du trépied. Elle met exergue les divergences entre ces frères ennemis qui pourraient bien un jour se reconnaître et se retrouver.
Docteur El Hadji Ndiaye de Thiarkane a présenté une thèse nouvelle, en ce sens qu’il pose une alternative à cette rupture quasi automatique entre ce qui se faisait et se disait jadis et ce que fait et dit la génération montante, moderne et sûre d’elle.
A travers son ouvrage, le Docteur El Hadji Ndiaye a voulu instaurer un pont entre le passé et le présent, entre l’enracinement et l’ouverture, pour rassembler la littérature et la pensée soufie dans un tronc commun. Et ce, scientifiquement, loin des dogmes et des convictions. Pour en définitive, produire une thèse objective qui sert le savoir et la connaissance et qui peut également faire connaître la production des grands érudits de son pays à ceux qui sont proches ainsi qu’à ceux qui sont d’horizons lointains. Ainsi, renseigner les uns et les autres que leur patrie est riche de par ses grands hommes qui sont des sommités du savoir.
A travers ces lignes, j’ai essayé de mettre les points sur i, dans un résumé qui englobe ma lecture personnelle.
Fond et horizon
Quand j’ai parcouru le livre de Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké, j’ai été subjugué par ce monument de savoir et de connaissance. Ce grand érudit plein de sagesse a puisé sa science d’une source qui ne tarit pas. Et de sa plume dont l’encre n’a rien à envier à l’or, il a écrit des pages et des pages aussi précises que limpides dont la teneur peut courber une montagne.
Minanoul-Bakhil-Khadim a dépassé les limites de l’histoire événementielle qui s’arrête aux dates et aux événements marquants de la vie de quelqu’un. Cheikh Mouhamed Lamine Diop Dagana a consacré de nombreuses pages à Khadim Rassoul. Un livre Irwâ réalisé avec la bénédiction de Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké. Toutefois, cette œuvre, malgré sa valeur scientifique avérée, demeure un livre d’histoire événementielle. Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké a voulu, à travers un autre ouvrage, aller au-delà de cette histoire. En mettant en exergue l’aspect civilisationnel, retraçant les objectifs et les motivations d’un homme soutenu par les cieux et qui marche humblement et résolument sur terre en compagnie des prophètes, des martyrs et des hommes de bien. Un homme qui a inlassablement voulu faire de chacun de ses pas une étape de la marche suivant les traces de Mouhamed (Psl).
Ainsi, le marabout écrivain retrace la vie de Khadimou Rassoul Cheikh Ahmadou Bamba. Ses origines, son éducation, ses qualités, sa formation sont passées au peigne fin. Au-delà de la personnalité même de l’homme, sa dimension mystique est disséquée dans la seconde partie de l’ouvrage qui voit l’auteur tenter d’appréhender l’évolution spirituelle de Khadimou Rassoul Cheikh Ahmadou Bamba. Ce, à travers la définition des différentes étapes de l’itinéraire mystique par lesquelles il est passé. Pour en définitive en extirper une quintessence qui fonde, au-delà d’une philosophie de vie, les voies et contours menant à Dieu et passant par son Messager (Psl). Il a, par la même occasion, revisité les œuvres de grands penseurs, ceux qui ont, avant son illustre père, emprunté ce glorieux chemin.
Dans sa production, il a usé d’un style synthétique pour nous présenter plus qu’un recueil littéraire de haute facture, un chef-d’œuvre qui fait jaillir le parfum et répand l’encens, tirant ainsi le lecteur dans le sens contraire de la pesanteur, du bas vers le haut, là où logent les anges. Le lecteur de Minanoul-Bakhil-Khadim éprouve un double plaisir. Celui de parcourir un texte bien écrit et celui de s’attacher à une œuvre qui traite d’un sujet qui emplit le cœur d’allégresse et épanouit l’âme. J’avais lu la 1ère édition de Minanoul-Bakhil-Khadim et elle m’avait comblé par la grâce qu’elle propage. J’ai pris beaucoup de plaisir à le relire, et à chaque fois, c’est comme si je venais de l’ouvrir. Quand j’ai parcouru, plus tard, une autre édition de Minanoul-Bakhil-Khadim, commentée par le Docteur tunisien, Mouhamed Chakroun, je me suis rendu compte que cet effort immense de sublimation commençait à prendre sa véritable place dans la bibliothèque islamique, avec un traitement particulier. Alors que je me délectais de cette source qui, telle une mer rejetant ses vagues afin de mouiller tout le monde, a réalisé un vieux rêve. Car, j’ai retrouvé à travers Cheikh Mouhammadoul Bachir Mbacké et sa méthodologie dans son livre intitulé : «Minanoul–Bakhil–Khadim» (Les Bienfaits de l’Eternel) un joyau dont la beauté dépasse les mots les plus élevés.
Une méthodologie de la rationalité
Le Dr El Hadji Ndiaye s’est engagé à marcher résolument sur les pas des plus grands penseurs. Sa production l’a mené dans les arcanes des anciens livres après l’avoir, au préalable, promené dans les enseignements des nouveaux. Il en a tiré des connaissances qui, chassant l’équivoque et l’ambiguïté, à travers des annotations limpides, exhibent et dissocient en même temps les éléments cachés et ceux apparents. Sans se hasarder, on peut dire qu’il a réuni les anneaux d’une longue chaîne, dans un style simplifié par des renvois retraçant les sources avec méthodologie et objectivité.
Dans sa thèse, El Hadji Ndiaye met en exergue les premières sources de Minanoul-Bakhil-Khadim. Il s’agit d’abord de Qût al-Qulûb (source nourricière du cœur) de l’iman, le gnostique, Mouhamed ben Harissi, plus comme sous le nom de Abu Talib Al-Makki. L’auteur s’est arrêté devant la vie et le legs de cet ascète, s’appuyant avec insistance sur son ouvrage pour asseoir sa thèse.
La deuxième source de Minanoul-Bakhil-Khadim, le Dr El Hadji Ndiaye est allé la chercher dans Ar-Risāla al-qushayriyya (la lettre de khouchayri) de l’iman, le gnostique, Abdou karim khawzan ibn Talkhata ibn Mouhamed, Abū l-Qāsim al-Qushayrī. Ainsi, à travers son ouvrage, le Dr Ndiaye fait le voyage vers Khourassane (Iran), en recueillant des témoignages inédits sur l’auteur auprès d’hommes véridiques. Ensuite, le chercheur s’est penché sur la troisième source de Minanoul-Bakhil-Khadim qui est Ihyâ ‘Uloûm ad-dîn (la revivification des sciences de la religion). Il s’est également longuement arrêté sur son auteur Khoudiatoul islam, Abû Ḥamid Moḥammed ibn Moḥammed al-Ghazālī pour s’imprégner de sa grande science. Toutefois, le Dr El Hadji Ndiaye ne s’est pas limité à ces trois sources considérées comme principales. Il s’est aussi appuyé sur ce qu’il qualifie de sources secondaires. Nous pouvons d’abord retenir Qawâ’id al-tasawwuf (les bases et les règles du soufisme) fait par le Cheikh Abdoul Abass, Ameth ibn Ahmeth ibn Moḥammed ibn InsaincluKhab Al Barnoussi Al Magribi, Al fassi Al Milikit, plus comme sous le nom de Basroukh. Ensuite Al Mawahib, Al Loudaniya Bilminah, Al Mohamadiya d’ibn Ahmeth appelé Al-kastalani.
Pour la 3ème source secondaire de Minanoul-Bakhil-Khadim, il s’agit de Jawâhir el Maâni (Perles des significations) du Fassi Sidi Ali Harazim Berrada, un livre renfermant des secrets pour l’accomplissement, par la grâce divine, des prières formulées. Une œuvre que la postérité doit à Abu Abass Al Tidiani. S’agissant de la 4ème source secondaire, elle est tirée de Kitâb Al-Futūḥāt al-Makkiyya (Illuminations mecquoises, ou Les Conquêtes mecquoises) de Abū ‘Abdillāh Muḥammad ibn ‘Alī ibn Muḥammad ibn `Arabī, plus connu sous le nom de Cheikh Akbar (le grand Cheikh). La 5ème source secondaire est Latâ’if al-minan fî manâqib al-shaykh Abî l’Abbâs al-Mursî wa shaykhi-hi al-Shâdhilî Abî l-Hasan ar (Les touches subtiles de la grâce, ou des vertus spirituelles) de l’imam, le grand gnostique, Shaykh Ul Islâm Tâj Ud Dîn Abul Fadl Ahmad Ibn Muhammad Ibn ‘Abd Il Karîm Ibn ‘Atâ°iLlâh AlIskandarî Al Judhami Al Ash’arî Al Mâlikî Ash Shâdhilî. La 6ème source secondaire est Lawaqih al-Anwar al-Qudsiyyah fi. Ma’rifati Qawa’id ash-Sufiyyah (fécondation des lumières saintes) de Abd al-Wahhab ibn Ahmad al-Sha‘rānī. La 7ème source secondaire est Tanwîr Al-hawâlik de Abū al-Faḍl ‘Abd al-Raḥmān ibn Abī Bakr ibn Muḥammad Jalāl al-Dīn al-Khuḍayrī al-Suyūṭī. La 8e source est Suhrawardi Awarif Al Maarif du Cheikh Shahab al-Din Abou Hafs Umar Suhrawardi. Le Docteur El Hadji Ndiaye termine ses sources avec Al Madkhal (l’introduction au développement des bienfaits) du grand érudit Mohammed Ibn Mohammed ibn Mohammed Abou Abdallah Ibn al-Hajj al-Abdari al-Maliki al-Fassi.
Dans son ouvrage magnifiquement bien élaboré, le Dr El Hadji Ndiaye a mis à contribution ces grands penseurs, en puisant abondamment dans leurs écrits. Une tâche exaltante mais somme toute laborieuse, nécessitant une grande connaissance dans de nombreux domaines. Pour l’avoir réalisée, l’auteur prouve aussi qu’être noir ne signifie pas être faible d’esprit. Une production qui l’a également plongé dans un domaine que seuls ceux qui s’y sont engagés connaissent la grâce. Des sciences gnostiques dans lesquelles se perdent les âmes les plus sensibles et qui font fléchir les plus solides chameaux.
Gloire à ceux qui les ont exaltées ; malheur à ceux qui les ont délaissées.
C’est ce style rationnel, mêlant le passé au présent, que le Dr El Hadji Ndiaye a emprunté et adapté, dans une méthodologie originale, au traitement des œuvres de Sénégalais, de sommités scientifiques, dont on peut partager les idées ou pas, sans pour autant nier leur valeur.
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