La plaidoirie du bâtonnier du Cameroun, Me Jackson Francis Kamga, qui donné lieu à un incident sans précèdent au procès Khalifa Sall, a suscité la réplique du camp adverse.
Pour Me Samba Bitèye, avocat de l’Etat du Sénégal dans cette procédure, «le Sénégal n’a pas de leçon à recevoir du Cameroun (…)».
«Le Sénégal n’a pas de leçon à recevoir du Cameroun, ni de quelque autre pays que ce soit. Le bâtonnier Kamga ne peut pas nous donner de leçons de démocratie, de procès équitable ou d’avancées en matière de Justice, en tant qu’avocat. L’attaque du bâtonnier Kamga n’est pas dirigée contre la Justice sénégalaise, mais contre tout le Sénégal». Telle est la réplique apportée par Me Samba Bitèye, hier au procès Khalifa Sall où la partie civile avait la parole, pour les répliques aux plaidoiries de la défense. Me Bitèye, avocat de l’Etat du Sénégal dans cette procédure, répondait à Me Jackson Francis Kamga, avocat de Khalifa Sall qui a estimé, avant-hier au procès, qu’il a l’impression que les Sénégalais sont «castrés». Faisant allusion à leur passivité face aux pratiques du régime en place. «Je fustige cette déclaration. C’est choquant. Les Sénégalais ne sont pas castrés», a rétorqué Me Bitèye à son confrère du camp adverse.
Ces propos de Me Kamga ont été à l’origine d’un incident qui a poussé le juge Lamotte à bouder l’audience. Ce qui va donner une autre tournure à ce qui devait être un simple incident d’audience, comme on le constate depuis le début du procès, le 23 janvier dernier. En effet, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Mbaye Guèye, est entré dans la danse en intimant au juge l’ordre d’«arrêter de juger les avocats». Au final, les protagonistes ont soldé leurs comptes en privé. Mais Me Kamga campe sur sa position. «Je n’ai utilisé aucun terme choquant. Je dirige un ordre d’avocats qui comporte 3 300 membres. Je suis celui qui enseigne la déontologie et réprime les fautes disciplinaires et les manquements à nos règles. Je n’ai commis aucune faute déontologique. Les expressions que j’ai utilisées au tribunal, je les réutiliserai et ça ne donnera lieu à aucun commentaire. Je suis son avocat mais je suis obligé de le défendre selon la ligne de défense qu’il donne. Il est persuadé que c’est le procès politique et il l’a suffisamment démontré. C’est un procès politique dans sa motivation et dans sa mise en œuvre», a réagi le bâtonnier du Cameroun après l’incident. Mieux encore, il avertit qu’«il est interdit à quiconque de commenter les plaidoiries d’un avocat», en ce sens que «l’avocat bénéficie d’une immunité de plaidoirie».
Entamé le 23 janvier dernier, le jugement de Khalifa Sall et Cie, pour détournement présumé portant sur 1,8 milliard Fcfa à la mairie de Dakar, prend fin ce vendredi, avec la clôture des répliques de la défense, prévue cet après-midi. L’affaire sera probablement mise en délibéré, pour jugement être rendu dans les prochains jours.
Pape NDIAYE