Les Apéristes sont mauvais camarades. En attendant la grande «guerre» de 2019, la bataille de positionnement fait rage.
Et tous les coups semblent permis pour être dans les grâces du chef. A Podor, les partisans d’Abdoulaye Daouda Diallo exhument le rapport de l’Ofnac pour rappeler à Cheikh Oumar Hanne ses casseroles pendant qu’à Bambilor le maire traite son ex-mentor, le ministre Oumar Guèye de commanditaire du saccage de ses bureaux.
Bouchez-vous le nez, ils ouvrent les poubelles de la République ! Les partisans du Président Macky Sall s’illustrent de très mauvaise manière par ces temps qui courent. Désormais, chez les marrons, le gnon fait la force et tous les coups semblent permis dans cette bataille de positionnement à la veille de la grande guerre de 2019 qui s’annonce déjà très compliquée. Ainsi, les scandales et la violence sont brandis comme armes de dissuasion pour tenter de dompter un camarade encombrant. Il suffit de lire les journaux d’hier pour se rendre compte de cette crise qui mine le parti au pouvoir.
D’abord, le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Cheikh Oumar Hanne, qui a le tort de s’allier avec son camarade Farba Ngom, est traité par ses camarades de parti de «délinquant». Lesquels camarades n’ont pas manqué de lui rappeler ses casseroles découvertes par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).
Dans cette guerre fratricide, le mouvement «Podor Horizon 2019», proche du ministre Abdoulaye Daouda Diallo, n’a pas raté le maire de Ndioum. Estimant que M. Hanne, qui vient de lancer un mouvement politique, «a trahi tous ceux qui ont porté sa candidature aux dernières législatives comme tête de liste». Ces apéristes de Podor signalent que, malgré toutes «les casseroles qu’il traine», le patron du Coud a été investi par tous les responsables et militants de l’Apr de la zone par respect à la discipline du parti.
Ainsi, on a l’impression que ces partisans de Macky Sall ne s’entendent pas parler. Car, en voulant faire mal à un concurrent, c’est leur formation politique et le pouvoir qu’ils décrédibilisent au sein de l’opposition. En effet, ils semblent confirmer les déclarations de l’opposition et des corps de contrôle sur leur propre gestion calamiteuse.
Mais, ce n’est pas seulement à Podor que les démons de la division se sont saisis des responsables de l’Apr. A Dakar aussi, les apéristes se tirent dessus. Dans le département de Rufisque, c’est le ministre Oumar Guèye et son ex-poulain, Ndiagne Diop, député maire de Bambilor, qui se donnent en spectacle. Le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime est accusé par le député d’être un Vrp agresseur. Dans un entretien avec le quotidien L’Observateur, le maire de Bambilor accuse son collègue de Sangalkam d’être derrière le saccage de la mairie de Bambilor. Une énième affaire de violence entre les deux maires. En effet, tout le monde se souvient encore de l’arrestation d’un garde du corps de l’édile de Bambilor à l’issue d’un meeting où le ministre était présent.
S’il est avéré que le ministre a quelque chose à voir avec ce saccage, ce serait très grave. Très en verve, le député Ndiagne Diop n’a pas mis de gants pour cogner sur le ministre Oumar Guèye qu’il accuse d’avoir tenté, en premier lieu, de saboter le vote du budget de sa mairie. Le traitant d’homme «tortueux», il estime que le ministre ne travaille pas pour l’Apr et le Président Macky Sall.
Ces querelles, cumulées aux dérapages de l’ex-ministre Fatou Tambédou à l’Assemblée nationale contre son collègue Diène Farba Sarr, aux propos de Yakham Mbaye sur les rapaces diurnes (Faucons) ou encore des déclarations fracassantes de Youssou Touré sur la famille au pouvoir, sont révélatrices de la crise qui mine le parti au pouvoir. Au lieu de faire front commun, ces «apéristes» reflètent la panique qui habite le pouvoir. Car, derrière les déclarations de victoire au premier tour à la prochaine présidentielle, se cache une frousse terrible. Puisque le pouvoir sait parfaitement qu’il est difficile de passer au premier tour au Sénégal avec le niveau de citoyenneté des électeurs qu’on ne peut plus tromper avec un billet d’argent contre cinq années de galère. De plus, le procès de Khalifa Ababacar Sall, joué d’avance, ils se donnent un peu de répit. Car, nombre de Sénégalais ne parlent que de ça dans un contexte de crise sociale aiguë.
Seyni DIOP