Instaurer le dialogue pour réaliser un large consensus autour du zircon, c’est l’objectif assigné au panel prévu aujourd’hui à Bignona.
Il s’agira de tenter de lever les derniers obstacles sur le chemin de l’exploitation de ce minerai, découvert sur la plage de Niafrang, dans le département de Bignona.
(Correspondance) – Voilà plus de dix ans que le zircon a été découvert sur les plages sablonneuses de Niafrang. Et depuis dix ans, ledit minerai tarde à être extrait. Si les études, préalables au démarrage des activités, ont pris du temps, il reste qu’aujourd’hui, le projet se heurte à la réticence humaine. Apparemment, rien ne s’oppose à l’extraction du zircon, sauf l’état d’âme de certaines populations qui affichent leur opposition. La posture de ces dernières est en train hélas d’entamer la patience des promoteurs, mais pas que. Car, aujourd’hui, beaucoup de gens commencent à manifester leur indignation devant la ligne de défense des «opposants». Aujourd’hui, la fracture devient de plus en plus profonde entre les populations autour de cette richesse. Consciente de son rôle citoyen dans les grandes questions qui touchent aux relations humaines, la société civile a décidé de s’impliquer pour rapprocher les positions et empêcher une radicalisation qui peut menacer la fragile stabilité que l’on constate en Casamance. Surtout que depuis quelques années, note la coalition «Publiez ce que vous payez», «deux camps se font face au sujet de l’opportunité ou non d’exploiter le zircon de Niafrang, développant des positions tranchées». Lesquelles seraient complexifiées par l’immixtion du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) qui laisse planer des risques de recrudescence de la violence par le fait de la radicalisation d’une frange du mouvement ou par le risque d’affrontements intercommunautaires, principalement entre partisans de l’exploitation et les membres du comité du refus.
Pour éviter la mise en place des ingrédients d’une explosion sociale dans une Casamance qui se remet à peine de son cauchemar, la coalition «Publiez ce que vous payez» a décidé de porter le combat de la médiation. C’est dans cette mission qu’il faut inscrire le panel prévu aujourd’hui à Bignona. Il s’agira «d’offrir aux différents acteurs intéressés par la question du zircon, une tribune officielle pour exprimer de façon libre et responsable, devant des experts pluridisciplinaires, les arguments qui fondent leurs positions, de susciter de fait un débat public et contradictoire alimenté par différentes sources, de recueillir des informations rigoureusement scientifiques fournies par des experts neutres et indépendants, à même de dissiper les préjugés, les appréhensions, les éventuelles erreurs d’appréciations qui ont jusqu’ici été à la base des malentendus et des positions souvent tranchées, affichées par certains à tort ou à raison».
La finalité d’une telle démarche est de créer les conditions d’un large consensus autour de la question sur l’opportunité ou non d’exploiter le zircon de Niafrang dans l’optique de dépassionner le débat et d’apaiser le climat social dans la zone, dans la région et dans le pays. Ainsi, outre la cérémonie d’ouverture, cette rencontre sera une occasion de libérer la parole en permettant aux différents camps de livrer leurs arguments. Un dialogue inclusif qui pourrait, conformément au souhait des organisateurs, permettre de rapprocher les positions, et de faire baisser l’adrénaline.
Le débat sera aussi ouvert aux autres participants après l’exposé des experts sur les implications sociales, économiques et politiques de l’exploitation du zircon de Niafrang dans le contexte actuel de consolidation du processus de paix en Casamance. L’avenir du zircon en Casamance risque de se jouer au cours de ce forum auquel prendront part toutes les composantes de la société et les acteurs de ce feuilleton qui tient en ce moment en haleine, toute la région.
Mamadou Papo MANE