Correspondance : Le premier adjoint du conseil départemental de Thiès s’est dit outré de l’injustice sociale érigée en règle de conduite dans le pays.
Une injustice qu’il explique par le fait que des citoyens, de par leur rang, bénéficient d’une sorte de sauf-conduit qui les met à l’abri. C’était à l’occasion de la cérémonie de lancement des activités de la quinzaine nationale de lutte contre la corruption. Lesquelles activités sont une initiative de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), en collaboration avec le Pnud et le collectif des femmes leaders de Thiès. Pour Yankhoba Diattara, ce qui est incompréhensible, c’est qu’on lui envoie les corps de contrôle comme l’Ofnac et l’Inspection générale d’Etat (Ige), entre autres, alors qu’il ne perçoit que 140 mille francs par mois alors que des services de l’Etat qui gèrent milliards et qui sont connus pour des activités corruptibles ne reçoivent pas leur visite. «Ils sont connus et c’est cela qui est révoltant. C’est pourquoi j’ai dit qu’à la longue je vais tourner le dos à la politique. Car, nous qui faisons de la politique, les gens nous mettent dans des situations qui nous font perdre notre dignité contrairement à certains fonctionnaires de l’Etat qui utilisent et gaspillent les ressources de l’Etat au su et au vu de tout le monde et personne ne leur parle parce qu’ils sont protégés», dit-il.
Et de poursuivre pour dire que c’est cette injustice sociale-là qui révolte les gens. Surtout, fait-il savoir, quand on sait que tout l’apport qu’en tant que politique, ils apportent aux populations en termes de soutien et d’assistance, alors que les hauts fonctionnaires qui ont plus de ressources ne le font pas. Mais, regrette-il, ce sont eux qui sont mis le plus souvent dans des situations très inconfortables. «Le maire de la commune Thiès Est me parlait tout à l’heure de la mission de l’Ofnac qu’il a reçue. Mais moi j’ai reçu celle de l’Ige du temps d’Abdoulaye Wade quand j’étais à la ville. Quand j’ai reçu le rapport, j’étais fier. Car, la mission a fait six mois à Thiès sans jamais daigner venir me voir parce que simplement elle avait des préjugés. Et, en fin de compte, tout ce qu’elle a trouvé à dire ce sont des absences de procès-verbaux alors qu’au moment de quitter cette station j’avais tout rangé», ajoute M. Diattara. Et pourtant, dit-il, s’il n’était mû que par l’argent, il l’aurait eu puisque Abdoulaye Wade lui a tout proposé, tout comme Macky Sall d’ailleurs. Des propositions qu’il a rejetées par conviction et par principe dit-il pour être en conformité avec la loi. Pis, selon Diattara, l’Ige ne publie jamais le rapport final. Elle n’envoie qu’un rapport provisoire et après la réponse de l’intéressé, elle le classe. Et à côté, elle le jette en pâture aux petits politiciens qui se lèvent un bon matin pour mobilier les gens et faire le tour des médias pour t’accuser de tout ce qu’ils veulent. «Nous sommes pour l’Ofnac et des institutions pareilles mais à condition que la neutralité et même la participation à la performance dans la gestion de nos institutions soient de mise. Malheureusement, cette condition n’est pas souvent respectée», regrette le lieutenant d’Idrissa Seck.
Toutes sorties musclées auxquelles le vice-président de l’Ofnac, Cheikh Tidiane Mara, réagira pour simplement dire que ce n’est qu’un point de vue mais que l’Ofnac est composée d’hommes et de femmes qui sont là pour préserver leur indépendance. Et qu’en conséquence, ils travaillent avec objectivité.
Sidy DIENG