L’Etat du Sénégal confirme l’Ong Action contre la faim au sujet des crises alimentaires aiguës qui frappent six zones du pays.
Pour renverser la tendance, un Plan d’urgence pour la sécurité alimentaire est annoncé par le Conseil national à la sécurité alimentaire, un démembrement de la Primature.
Dans un rapport de l’Ong Action contre la faim exploité par le site Actusen.com, la mission humanitaire fait état d’un risque de famine dans le Nord du Sénégal. Lequel est lié au démarrage tardif et relativement court de la période hivernale. Le document qui déplore le faible niveau des pluies reçues au Nord du pays fait craindre une situation difficile dans les mois à venir, pour les agriculteurs et les éleveurs. Ce qui va se répercuter sur les récoltes et le bétail, selon toujours la même source qui classe cette zone sous alerte rouge. Interrogée sur cette question, hier, en marge de la célébration de la Journée internationale de la femme rurale et de l’alimentation, un responsable du Conseil national de sécurité alimentaire s’est prononcé sur cette question de famine. «On fait des amalgames dans les concepts. Il n’y a pas de famine au Sénégal, mais plutôt des crises alimentaires dans certaines zones. Ces crises alimentaires ont leurs propres causes», a souligné Sokhna Guissé. Toutefois, elle reconnaît l’existence d’une crise alimentaire dans six voire sept départements du pays. «Par rapport à la campagne agricole 2016-2017, lorsqu’on a eu à faire des évaluations, il est ressorti qu’au Sénégal qu’il y a six départements qui étaient cartographiés en zone rouge. Ces zones ont subi une crise alimentaire. Il s’agit des départements de Matam, Kanel, Malem Hodar, Goudiry, Tambacounda et Bambey. Les évaluations ont sorti dans ces zones une crise aiguë au niveau alimentaire», a-t-elle annoncé.
Flambées de malnutrition aiguë, dès juin 2018
Face à cette situation, le gouvernement du Sénégal a décidé de riposter. C’est-à-dire de mettre en œuvre un Plan d’urgence pour la sécurité alimentaire. «Le ciblage des ménages était fait pour faire plus tard un appui en riz pour les soulager de ces crises», a annoncé cette responsable du Conseil national de sécurité alimentaire, un démembrement de la Primature. «La soudure risque d’engendrer des flambées de malnutrition aiguë dès juin 2018, dépassant les capacités nationales et locales communautaires. Preuve que les autorités sénégalaises doivent prendre, très au sérieux, l’alarme tirée par Action contre la faim. Déjà, en août dernier, la presse rendait compte que plus de 42 mille ménages des départements de Matam, Kanel, Goudiry, Tambacounda, Bambey et Malem Hodar se trouvent dans la zone rouge du tableau de l’insécurité alimentaire au Sénégal», selon la représentante du Conseil national de la sécurité alimentaire. Le constat est que les ménages qui se trouvent dans une situation de crise ont des difficultés à joindre les deux bouts. Ces ménages n’arrivent plus à assurer les trois repas quotidiens. Dans ces zones, la faible pluviométrie a occasionné une mauvaise production de la biomasse, entraînant en même temps une maigre présence du tapis herbacé. Et donc, une insuffisance à satisfaire les besoins en fourrage du bétail de la zone. C’est ainsi que, dans son rapport, Action contre la faim soulève un autre aspect du sombre tableau qui a trait à la faible productivité agricole.
Le retard et la perturbation notés dans l’installation des pluies n’ont pas permis à certaines cultures de boucler leurs cycles. Ce qui laisse présager que la soudure engendre des flambées de malnutrition aiguë dès le mois de juin 2018, dépassant les capacités nationales et locales communautaires et sanitaires. Pour faire face à une telle situation, il serait nécessaire, selon l’Ong Action contre la faim, d’anticiper des plans d’appui à la sécurité alimentaire, pour la soudure 2018. Mais également de suivre l’évolution de la situation de sécurité alimentaire, des productions agricoles et pastorales ainsi que la nutrition. Au chapitre des recommandations, il a été suggéré de renforcer la capacité de réponse nutritionnelle dans le système de santé, pour lui permettre non seulement de faire face à la flambée de malnutrition aiguë sévère annoncée de 2018. Mais aussi et surtout, de «développer les capacités nationales de système d’alerte précoce intégré en sécurité alimentaire et nutritionnelle».
Walf Quotidien