Débourser une commission allant de mille à 7 000 Frs Cfa, c’est le prix à payer pour disposer de sa bourse. Les étudiants boursiers sont les victimes de cette pratique qu’ils considèrent comme une arnaque.
Les étudiants et les nouveaux bacheliers boursiers, non détenteurs de carte de Gab, éprouvent d’énormes difficultés pour percevoir leur bourse. Certains d’entre eux sont obligés de suivre une longue queue devant la porte de l’agence en face de la grande porte de l’Ucad. D’autres sont invités à se rapprocher des points Wari. Le malheur n’arrivant jamais seul, ces derniers indiquent avoir notamment affaire à des arnaqueurs et désignent les guichetiers. Selon eux, arrivée au niveau du guichet, l’étudiant est obligé de monnayer son rappel de bourse de début d’année entre mille et 7 000 Frs Cfa.
Sous le soleil ardent, un guichet de Wari se trouvant à gauche devant la grande porte d’entrée de l’Ucad est pris d’assauts par des étudiants venus de tout bord. Un bruit accumulé de vrombissements des véhicules campe le décor. Difficile de s’entendre à cause des disputes de positionnement. Ce guichetier vêtu en bleu noir s’en explique. «Tout étudiant qui veut percevoir son rappel de bourse est obligé de payer 7 000 francs Cfa. Ce logiciel n’est pas dans tous les Wari. Il n’y a que quelques uns qui le détient», a-t-il rétorqué face à une interpellation de votre serviteur. Et il s’empresse de lui balancer à la figure : «Ne gâche pas mon boulot. Je te libère va voir un autre guichet». Le constat est le même à l’intérieur du campus social, plus exactement à côté du Pavillon K, à cinq mètres du couloir de la mort. Ici, la situation vécue est pire. «Ecobank ne nous régis pas. Ici c’est moi qui gère et je ne paie que les étudiants qui acceptent de payer la commission qui est de 7 000 pour le rappel de 36 000 et 6 000 pour le rappel de 18 000. J’utilise mon argent pour faire les transactions. Je suis un prestataire de services», laisse entendre ce gérant de Wari.
Les guichetiers confirment
Du côté des étudiants, c’est la désolation et l’amertume. Un étudiant, sous le couvert de l’anonymat, déplore cet état de fait. Il appelle les guichetiers à la retenue. «C’est inadmissible ce que font ces gens. Pour percevoir notre bourse, il nous faut payer une commission. Je viens d’un guichet de Wari pour les besoins de ma bourse, mais le guichetier m’a confirmé qu’il me soutirera 7 000 francs. Ce que j’ai refusé. Je pars voir au niveau de la bibliothèque centrale, car c’est moins cher. Il suffit de donner 1 000 francs Cfa à la place de la proposition du gars», se désole-t-il. Ce dernier interpelle la tutelle et les responsables d’institutions bancaires. «Nous interpelons le ministre de l’Enseignement supérieur à régler la question des bourses une bonne fois pour toute. Il parait qu’il y a que cette institution bancaire au Sénégal. Le directeur général de la banque doit prendre acte de cet état de fait s’il a bien traité avec la direction générale de Wari. J’espère que s’il dit que les paiements ne nécessitent aucun frais, c’est alors qu’il a payé les commissions devant nous épargner de ces arnaques», réclame-t-il.
Désolation et amertume
Dans les couloirs de la Faculté des Lettres et sciences humaines, ce problème est sur toutes les lèvres. Vêtue d’un jean noir assorti de chaussures Ballerine, Awa Dia, étudiante en Licence 1 au département d’Anglais, dit avoir eu échos de cette pratique aux allures d’arnaque. Mais il fallait procéder à des vérifications. Ce qu’elle n’a pas tardé à faire. «Je suis au courant de ce qui se passe dans les points de Wari. En fait, je me suis rendue devant un guichet pour le retrait de mon rappel. Mais le guichetier m’a signifié que je dois payer la commission. C’est pourquoi je me suis retourné au niveau de l’agence Ecobank pour percevoir ma modique bourse. Je préfère me bousculer dans les rangs, malgré le manque de temps, que de verser une commission dont on ignore tout. C’est déplorable car les bourses des étudiants sont déjà insignifiantes», lance-t-elle.
Abondant dans le même sens, Doudou Sarr, étudiant en Master déclare que ces gens n’ont pas de pitié pour les étudiants. «Au départ, ils avaient fixé à 1 000 Frs la commission. Ce qui est d’abord anormal. Et maintenant, ils sont passés à la vitesse supérieure en haussant la commission entre 6 000 et 7 000 francs Cfa», dit-il. Et pourtant, sur les murs de l’agence Ecobank de Fann dédiée aux étudiants, il est bien affiché que «tous les étudiants boursiers qui n’ont pas encore reçu de carte et les nouveaux bacheliers sont priés de se rapprocher des points Wari pour le payement de leurs bourses». Il est même précisé, d’ailleurs, que «les paiements ne nécessitent aucun frais».
Walf Quotidien