Il est le «fondateur» de l’Apr à Ziguinchor. Mais aujourd’hui, Benoît Sambou fait de plus en plus face à l’appétit grandissant de «nouvelles têtes» qui entretiennent une guerre de leadership dangereuse pour l’avenir de ce parti dans la capitale du sud.
Dimanche dernier, les apéristes de Ziguinchor ont offert un spectacle désolant aux populations avec une assemblée générale transformée en théâtre d’expression des antagonismes où les muscles se sont le plus illustrés. Crise de croissance ou dynamisme d’un parti au pouvoir, serait-on tenté de dire pour justifier cette regrettable scène de violence. Sauf que les événements d’avant-hier traduisent l’état d’esprit de certains responsables attirés par les enjeux électoraux qui se profilent à l’horizon. En s’illustrant de cette manière, les responsables de l’Apr montrent qu’aucun enjeu ne peut les mettre ensemble. La légitimité historique de Benoit Sambou se heurte depuis un certain temps à l’ambition des uns et à la prétention des autres. Tous ont par contre un point commun : la revendication d’une supposée légitimité populaire qui ne s’est pourtant jamais traduite en réalité électorale. Car, jusque-là, l’Apr a perdu les grandes batailles électorales dans la capitale du sud.
La «rébellion» a démarré avec l’avènement de Doudou Kâ, alors conseiller du président de la République chargé des grands travaux de l’Etat. Peu ou pas connu chez lui, politiquement en tout cas, l’actuel administrateur général du Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) envahit le terrain, bouscule les équilibres et devient en quelques mois, un personnage incontournable sur l’échiquier politique ziguinchorois. A la tête d’un mouvement politique dénommé Mouvement And taxawal yokkuté (Maty), il revendique le leadership. La fracture avec Benoit Sambou est telle que l’Apr perd les élections locales à Ziguinchor. Mais, entre-temps, Doudou Kâ tombe dans les travers de la célébrité, développe une crise de nervosité et d’autoritarisme qui frise le mépris. Une attitude qui indispose ses proches et autres collaborateurs. Beaucoup d’entre eux rompent les amarres avec lui, le laissant entre les griffes d’anciens laudateurs de Robert Sagna puis d’Abdoulaye Baldé. Hélas aujourd’hui, l’homme est plongé dans une telle cécité politique qu’il a perdu ses facultés de comprendre qu’il est en train de créer le vide autour de lui et de laisser le terrain et l’initiative à d’autres leaders.
L’émergence d’autres forces politiques est devenue une réalité en même temps qu’elle complique davantage la situation de l’Apr à Ziguinchor. Aminata Angélique Manga, devenue entre-temps directrice générale de l’agence nationale pour la reconstruction de la Casamance (Anrac), Mamadou Barry, promu directeur général de l’agence nationale des éco-villages, Amy Tamba, actuellement chargée de mission à la primature etc…, ont fini d’entrer dans la contestation. Dimanche dernier, ils étaient au cœur des événements qui ont perturbé l’assemblée générale. Ce qui inspire la réflexion suivante à un militant de la première heure : «Plutôt que d’être des organisations satellites, les mouvements de soutien perturbent la quiétude de l’Apr». En tout état de cause, la tâche du regroupement qui lui incombe en tant que coordinateur départemental de l’Apr devient lourde pour Benoit Sambou, obligé de supporter certaines dérives et de gérer des humeurs qui sont parfois l’expression de l’état d’esprit pour éviter la mise en place des ingrédients d’une nouvelle débâcle dans la capitale du sud.
Mamadou Papo MANE (Correspondance)