CHRONIQUE DE SIDY
Idrissa ou Hermes est l’homme du quatrième ciel. C’est en ce lieu céleste qu’il est domicilié. Certains l’appellent Ahno, d’autres Hénoch ou encore Idriss, selon l’appellation coranique. Son avènement constitue le quatrième événement marquant de l’histoire civilisatrice et de la longue marche entre le Destin et la Destination. Après Adan qui est parti du monde de la sublimation vers celui du pardon il y a eu l’histoire d’Abel et de Caïn dont l’épilogue est connu pour être le premier homicide. Ensuite, celle de Chissa qui avait jeté les bases de la société primitive avec un véritable paradis terrestre où tout était à la portée de tout le monde, sans la moindre dispute ou contestation. La vie d’Idriss ou Hermès est, pour certains, à placer après le déluge. Pour d’autres sources, il a vécu aussitôt après Chissa, le fils d’Adan. Sa longévité lui permît de vivre longtemps auprès de ce dernier (certains avancent même 120 ans de compagnonnage). Ces dernières sources considérant qu’Idriss est le fils de Yéred, fils de Mahalaléel, fils de Hainan, fils d’Anoush, fils de Chissa, fils d’Adan. Sa vie est enveloppée d’un manteau de mystère et a donné lieu à plusieurs versions et interprétations.
Il est dit qu’à l’origine, il était établi à Babel, en Mésopotamie qui est aussi perçu comme l’origine du Jardin céleste et le début du carré des Messagers qui enveloppaient les deux rives menant du Tigre au Nil en passant par l’Euphrate. Cette partie du monde qui est considérée dans les écrits saints comme la terre promise, abrite depuis la nuit des temps de nombreux conflits qui ont traversé les époques. Une terre qui a toujours attisé les convoitises de différents et nombreux peuples qui en ont revendiqué la légitimité. Avec la fameuse Tour de Babel qui marque un retour à la case de départ, symbolisant un éternel recommencement. Ce territoire englobe une bonne partie de l’Afrique et de l’Asie est également vue comme la porte de l’Europe. Pour d’autres, les origines de Hermès ne sont pas à chercher en dehors de l’Egypte qui est aussi considéré comme un berceau de l’humanité avec son fleuve qui traverse pratiquement le continent noir et ce depuis la création. Dans tous les cas, on retiendra qu’Idriss ou Hermès a fini sa vie en terre égyptienne. Il est perçu comme étant le premier à avoir utilisé l’écriture. Celle-ci se faisait à travers des signes identifiés, de nos jours, sous formes de pointillés tracés sur le sable, tel que utilisés maintenant par certains devins.
Hermès ou Idriss était un homme particulier. En plus de sa sagesse légendaire qui lui recommandait souvent d’opter pour le silence, celui qui est perçu comme le premier tailleur de l’histoire faisait preuve d’une généreuse hospitalité envers visiteurs ou autres passants. Une réputation qui lui a valu une montée vers les cieux symbolisant la voie menant à l’élévation. Cela constituait également un enseignement important voire capital de son message. Pour rendre la vie beaucoup plus perfectible, faisant une jonction entre l’axe du bien qui avait réuni au début Adan et les Anges dans leur combat face aux diables et aux démons qui se sont, contrairement à lui, singularisés dans l’inhospitalité et la réserve dans un monde de féodalité fait de chantage et de mensonges. Idriss ou Hermès a été aussi le premier à organiser une société hiérarchisée avec trois pouvoirs assez distincts. D’abord il y avait les hommes religieux disposant d’un certain savoir. Leur position devait intervenir en dernier lieu et faisait souvent office de décision finale. Ces hommes n’étaient consultés que pour trancher. Ensuite vient le pouvoir des aristocrates. Ceux-ci sont les nobles, bien éduqués, bien formés et assez éloignés des querelles et autres bassesses. Et en troisième position, viennent les citoyens, le bas peuple. Ce système exporté a été répandu chez les gréco-romains et va inspirer les philosophes dans leur quête du savoir et de l’idéal. Un triptyque qui, prolongeant avec les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, exclut le rôle de régulateur social qui était conçu comme le socle et pas comme un accessoire.
Au début, le Message était axé sur des prêches faits d’alertes qui tournaient essentiellement autour de l’unité et de l’unicité. De même, il se basait sur l’éducation et la formation pour parvenir à une maitrise de soi et une transcendance des bassesses. Comme principale caractéristique, il avait aussi le don de soi, évitant ainsi de faire place aux caprices et aux passions. Une vie axée sur une quête effrénée devant mener à idéal. Un comportement qui finit par promouvoir une élévation. Ainsi, Idriss, qualifié de véridique, fut élevé et désigné comme un Messager convaincu (Coran, chapitre 19, versets 55 et 56). Exalté par des anges, Idriss migra vers le quatrième ciel où il élut domicile, parmi les plus sublimes. De la société primitive, l’histoire prenais un nouvel élan avec l’écriture mais également avec la hiérarchisation de la société. Celle-ci donnait une importance capitale à l’éducation et à la formation. Pour ainsi mettre sur pied les fondations d’une société de quiétude et de prospérité qui prolonge celle de la société primitive faite de stabilité et de sécurité. Pour qu’enfin, l’être puisse vivre selon la volonté divine, suivant l’orientation du Maître absolu. Celle-ci mettait en exergue des recommandations et des interdits basés sur la liberté et la responsabilité des uns et des autres. Encadré par un système hiérarchisé qui donne à tout un chacun une place bien déterminée et des rôles clairement définis. Mais, cet idéal survivra-t-il ?
A lire chaque vendredi
Par Sidy Lamine NIASS
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