Au moins huit Syriens, dont quatre enfants, ont été tués par des tirs de gardes-frontières turcs alors qu’ils tentaient de fuir leur pays en guerre dimanche avant l’aube, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’opposition syrienne en exil, soutenue par la Turquie et basée à Istanbul, a de son côté fait état de 11 morts. Elle a dénoncé dimanche cette “tragédie”, appelant le pays “ami” à mener une enquête et à donner des instructions pour que ce genre d’incidents ne se répète pas.
“Les informations selon lesquelles les gardes turcs auraient tiré sur des Syriens à la frontière ne reflètent pas la réalité”, a de son côté réagi le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
La Turquie agit “pour défendre ses frontières de toutes activités illégales dont la contrebande et le terrorisme”, a-t-il ajouté sans autre détails.
“Huit civils, dont six d’une même famille, ont été tués et huit autres ont été blessés lorsque des gardes-frontières turcs ont ouvert le feu sur eux alors qu’ils tentaient de pénétrer dans le territoire turc” du côté de la province d’Idleb (nord-ouest), a indiqué l’OSDH.
Parmi les victimes figurent quatre enfants, précise l’Observatoire, ajoutant que certains blessés se trouvent dans un état grave.
Ankara a démenti à plusieurs reprises des rapports, dont ceux de Human Rights Watch (HRW), faisant état de tirs meurtriers de gardes contre des civils syriens tentant de passer en Turquie.
Les victimes de dimanche étaient des déplacés fuyant la région de Minbej dans le nord syrien où une offensive de forces soutenues par Washington est en cours depuis le 31 mai pour s’emparer de ce fief du groupe Etat islamique, d’après l’OSDH qui dispose d’un large réseau de sources à travers le pays.
Selon l’Observatoire, au moins 60 personnes, tous des civils, ont été tués par des tirs des gardes turcs depuis le début de cette année.
En mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays n’avait pas eu recours à la force contre les réfugiés syriens à la frontière au lendemain de la publication d’un rapport accusateur de HRW. En avril, Ankara avait démenti des tirs similaires, après un autre rapport de HRW.
Le gouvernement turc soutient qu’il pratique une politique de portes ouvertes pour les réfugiés syriens, mais depuis plusieurs mois, la frontière est techniquement fermée.
La Coalition de l’opposition a exprimé sa “surprise et condamnation après cette horrible tragédie contre nos frères fuyant le régime (du président Bachar al-) Assad”, estimant que “la mort de Syriennes et Syriens sans défense est en contradiction avec l’hospitalité du gouvernement et du peuple frère turc”.
La Turquie abrite près de trois millions de réfugiés syriens ayant fui la guerre qui ravage leur pays depuis cinq ans et qui a fait plus de 280.000 morts.
AFP