Inauguré dans le faste le 28 janvier 1996 par les Présidents Abdou Diouf et Oumar Bongo, le Complexe culturel et sportif baptisé au nom de ce dernier fascine et rebute à la fois.Niché au cœur de la capitale du Ndiambour, au quartier Montagne, plus précisément, en face de la mairie, le joyau a, en effet, longtemps attiré. Outre le nom qui lui a valu une notoriété à la dimension du parrain, «Complexe», comme l’appellent, simplement, les Lougatois, exerce une force d’attraction sur ces derniers. C’est que l’infrastructure multifonctionnelle est, comme qui dirait, à bonne place dans une zone où la culture est presqu’un bien de consommation voire d’exportation. Posté devant la porte latérale, le bonnet nonchalamment posé sur le chef, le vigile a l’attention plus captivée par les deux feuillets du Pari mutuel urbain (Pmu) qu’il a entre les mains que par le grand bâtiment dont il assure la sécurité. Comme lui, les nombreux passants sur cette route principale passent et repassent devant le grand portail dans une indifférence totale. L’attitude imperturbable du vigile nous oblige à faire un tour pour observer le centre de l’extérieur. Là, nous découvrons que le mur oriental est devenu un urinoir à ciel ouvert. «Le directeur passe de temps à autre. Mais, en ce moment, il n’est pas là», précise, plus tard, le vigile, la main posée sur le loquet comme s’il ne voulait pas que nous franchissions son «bureau». A l’intérieur, des bruits se font entendre. «Ce sont des footballeurs», informe le préposé à la sécurité des lieux. Notre insistance finit par payer. Notre «visa» acquis, nous voilà dans l’antre de la culture et du sport de la capitale du Ndiambour. Ndiambour, justement ! Le club fanion de Louga s’est vu rétrocéder le local. C’était au moment où Magued Diouf, frère du Président Diouf et ancien ministre dans ses gouvernements, assurait la présidence du club. Ainsi, outre ses services culturels, le complexe aux murs décrépis sert aussi de cadre de regroupement pour les joueurs des équipes locales en compétition. Mais aussi de salle de gymnastique pour sportifs en herbe. Ce qui lui permet, tant bien que mal, de faire face à ses besoins quotidiens. Une mutation dans la gestion de ce complexe dont les responsables avaient mis en avant «le volet social au détriment de la rentabilité financière», souffle, sous le couvert de l’anonymat, un employé du complexe. D’un coût de plus de 375 millions de francs, le complexe El Hadj Omar Bongo de Louga a été, pour une bonne partie, financé par son parrain, défunt président de la République gabonaise. Pour innover dans le management de ce complexe, un nouveau comité de gestion avait été mis en place. Composé de 12 chambres équipées de doubles lits, d’une salle de conférence polyvalente, de magasins de stockage, d’une salle de musculation, d’une cuisine, d’une buvette et d’une piscine, le complexe de Louga reste, cependant, confronté à un sérieux problème de maintenance. Les factures d’eau, d’électricité, l’entretien de la piscine – qui n’a pas reçu une goutte d’eau depuis belle lurette – et le paiement des femmes de ménage et du gardien demeurent des rubriques lourdes pour son maigre budget. Toutes les possibilités pour que le complexe puisse dégager des fonds pouvant permettre son entretien sont explorées. Entre autres, l’accueil facturé de séminaires et autres organisations. En attendant de renflouer ses caisses et retrouver son image d’antan, le Complexe Oumar Bongo vit plus du nom de son illustre parrain que de sa propre capacité à se prendre en charge pour résister à l’usure du temps.
WALF