A l’initiative de Image et Vie, les professionnels du monde culturel se sont penchés sur l’influence des médiats sur le choix des électeurs et sur les décisions politiques. Comment les réseaux sociaux peuvent une alternative à l’éducation des citoyens ?…
Pour camper le débat, il y a eu une projection de film sur les affichages lors de la présidentielle de 2007. Dans ce film documentaire, si les spécialistes et les psychologues ont montré la puissance de l’image, les citoyens, eux, voient aux affiches un court moyen de dégradation de notre environnement, de notre cadre de vie.
Sur l’influence des médiats sur le choix des citoyens, c’est Massèye Niang qui a donné le la. Il accuse les médias de « brouiller le citoyen, l’électeur par des images ». « Au Sénégal, dit-il, nous avons une multitude de médiats qui traitent les mêmes informations. En général, un compte rendu d’une conférence de presse. Ce qui fait que le Sénégal est en perpétuel ballottage. Nous vivons dans un tourbillon de choses qui nous écartent de l’essentiel. Le citoyen est noyé dans un tourbillon. Il est donc incapable de voir la réalité pour prendre une décision », semble-t-il se désoler.
» Les politiques font ce qu’ils veulent parce que les citoyens ont renoncé. Et comme la nature a horreur du vide, ils (politiques) occupent la place du citoyen. Ce qui justifie d’ailleurs la création de plus de 250 partis politiques dans un pays de 13 millions ’habitants », renchérit Mahmoud Kane de l’UDF/Mbooloo-mi.
Abdoul Aziz Cissé, lui, parle de « formatage de la conscience citoyenne ». Selon ce dernier, il ne peut être autrement pour les médiats puisque, fait-il remarquer « derrière chaque de presse, il y a un politique ou un marabout qui orientent dans le sens qu’ils veulent ».
Une brèche ouverte pour l’artiste Samba Wone qui se désole au fait que « les intellectuels ne s’intéressent plus à l’être humain mais à l’argent ». « Le pays est métamorphosé parce qu’on a laissé tomber l’art », se convainc-t-il.
« Dans tous les cas, précise le journaliste culturel Alassane Cissé, il faut tenir compte des réalités socioculturelles du Sénégal. Ce qui est important, les médiats privés doivent aussi respecter leur cahier de charges. D’autant plus qu’ils ont les mêmes privilèges que les médiats publics ». Il a, dans la foulé regretté l’attitude de la société civile qui ne s’intéresse qu’à la chose politique.
Mais c’est l’enseignant à la retraite Mouhamadou Moustapha Dieng qui va pointer du doigt les causes de cette situation. « Les causes : nous avons un système éducatif est extraverti. Notre histoire, notre culture, notre civilisation, toutes oubliées. Les citoyens sont désabusés, l’éducation citoyenne à la citoyenneté fait défaut… », s’offusque-t-il. « Au Sénégal ce sont les fils de marabout et les riches qui sont écoutés », souligne-t-il avant de prôner le retour à l’orthodoxie.
Ferloo