Les protecteurs des enfants veulent plus de ressources pour mener à bien leur mission de protection en faveur de la plus grande couche de la population. L’appel a été lancé, hier, lors de l’évaluation du programme de protection des enfants, initié en partenariat avec l’Unicef. «Le parent pauvre dans la structure de financement du budget du Sénégal, c’est bien le secteur de l’Enfance dont l’allocation représente moins de 1 % du budget national», confie le représentant du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Niokhobaye Diouf.
Il participait, hier, à l’atelier d’évaluation de la première phase du programme de protection de l’Enfance. Selon M. Diouf, l’allocation des ressources est très faible compte tenu des multiples problèmes auxquels sont confrontés les enfants, du point de vue de leur vulnérabilité. Il martèle que l’Etat devrait davantage allouer des ressources suffisantes qui prendraient en charge l’ensemble de ces questions ; étant donné que des phénomènes persistants comme la mendicité, la maltraitance des enfants interpellent, aujourd’hui, le gouvernement qui devra apporter davantage de solutions à travers l’allocation de ressources suffisantes pour les enfants. L’on précise que ces derniers constituent 49 % de la population sénégalaise. Un Code de l’Enfant en gestation Niokhobaye Diouf a, en outre, annoncé qu’un Code de l’Enfant est en gestation à l’Assemblée nationale. Ce Code est, selon lui, un document qui répond au souci d’harmoniser la loi interne par rapport aux Conventions et Traités internationaux auxquelles le Sénégal a souscrit. A l’en croire, il y a une différence d’interprétation ; d’où la nécessité d’harmoniser la législation. Ces questions concernent l’âge légal du mariage, le droit à la succession, etc. Des questions auxquelles la loi sénégalaise n’a pas suffisamment répondu par rapport à la loi internationale, à laquelle le pays a souscrit. Pour M. Diouf, le Code de l’Enfant vient apporter des correctifs et relever le niveau de protection de l’enfant à travers un dispositif légal et juridique beaucoup plus adéquat pour le respect des droits de l’enfant. La problématique de l’insuffisance des ressources se pose dans un contexte où la vulnérabilité des enfants est encore élevée. L’atelier d’évaluation est l’occasion de rappeler les acquis et défis dans le cadre du programme de protection de l’Enfance. L’élaboration d’un Code de l’Enfant, qui sera bientôt proposé à l’Assemblée nationale, la nomination d’un défenseur de l’Enfant, le parachèvement des rapports destinés aux comités des experts et des droits de l’Enfant de Genève (où le Sénégal doit défendre son rapport sur la base des engagements en faveur du droit des enfants), la mise en place de 32 comités intersectoriels nationaux pour la protection de l’enfant sont listés parmi les acquis. A en croire M. Diouf, tout cela constitue des cadres de planification et d’harmonisation pour permettre d’appréhender les questions de l’enfance, d’y apporter une solution et un suivi. Ce Code en gestation devrait prendre en compte la question des déclarations de naissance. Le représentant adjoint de l’Unicef au Sénégal, Mme Eden Thebaud révèle qu’il y a encore des préoccupations et qu’il reste encore beaucoup à faire. «Le taux de couverture d’enregistrement des naissances n’a pas encore atteint la couverture universelle. Et pour cause, plus de 30 % des enfants au Sénégal n’ont pas d’acte de naissance. Ce qui pose problème pour l’accès à l’éducation, aux services de santé, au droit à l’identité, etc.», souligne-t-elle. A en croire Mme Thebaud, il y a donc des efforts à faire pour améliorer le taux de couverture de l’enregistrement des naissances dans toutes les régions du Sénégal. Le fort taux d’enfants non enregistrés à la naissance (27 % des enfants de moins de cinq ans ne sont pas déclarés à leur naissance) est l’un des aspects du problème des enfants. Ces derniers constituent 49 % de la population et au profit de qui l’Etat n’investit que 1 % pour la protection. Emile DASYLVA