Au lendemain de son discours devant les parlementaires réunis en congrès à Versailles, François Hollande s’est rendu mardi 17 novembre au siège de l’Unesco à Paris. Un déplacement prévu pour participer à la 70e conférence générale de l’organisation mais qui, après les attentats qui ont frappé Paris, a pris un autre sens. La France veut s’attaquer au juteux trafic d’œuvres d’art et d’antiquités organisé par l’organisation Etat islamique au Moyen-Orient. C’est sous un tonnerre d’applaudissements que François Hollande est monté à la tribune de l’Unesco et a pris la parole mardi.
«Je m’adresse à vous dans ces circonstances particulièrement douloureuses mais je tenais à être parmi vous après le lâche et abject attentat qui a eu lieu dans mon pays vendredi soir. Je veux dire tout le symbole que j’attache à ma présence», a déclaré le président français. L’Unesco, temple de la diversité culturelle, était en effet aux yeux du chef de l’Etat le lieu idéal pour envoyer un nouveau message aux terroristes islamistes qui ont essayé de s’en prendre aux valeurs de la France et au mode de vie des Français. (…) «Il faut savoir qu’en ce moment même l’organisation terroriste Daech délivre des permis de fouille, prélève des taxes sur des biens qui vont ensuite alimenter le marché noir mondial. La France a donc décidé d’introduire un contrôle douanier à l’importation de biens culturels». Contrôle douanier et droit d’asile pour les œuvres menacées : cette dernière disposition figurera dans la loi «Liberté de la création» que la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, fera voter au Parlement. Les œuvres d’art en provenance de Syrie et d’Irak seront particulièrement protégées. Au cours des derniers mois, plusieurs monuments emblématiques de Palmyre, cité inscrite au patrimoine de l’Humanité, ont été détruits par l’organisation Etat islamique. Ces destructions sont systématiquement précédées de pillages. Tablettes, mosaïques, bijoux… en juin dernier, le Conseil international des musées (Icom) avait publié la liste d’une centaine de biens culturels en péril en Irak. Selon certaines sources, le commerce illicite de ces œuvres pourrait représenter 20 % des ressources de l’organisation Etat islamique.