Les dérives constatées à la tête de l’Etat ne sont que le reflet de l’hyper présidentialisme, de l’avis de Me Doudou Ndoye qui appelle à remettre à plat les pouvoirs excessifs du président, si les citoyens ne veulent pas que celui-ci se transforme, une fois élu, en «empereur».
L’hyper présidentialisme ennemi de l’Etat de droit ! «Le vrai, le plus central des problèmes, c’est du fait que c’est le président de la République qui est détenteur de tous les pouvoirs. Cela ne peut fonctionner dans aucun pays démocratique et tôt ou tard, il y aura des goulots d’étranglement et de gros problèmes par ci et par là», fait remarquer Me Doudou Ndoye, l’ancien candidat à la présidentielle de 2007, à propos de l’hyper présidentialisme qui met en selle un «président-père de la Nation, gardien de la Constitution et clé de voûte de toutes les institutions». Un système né, en 1963, au lendemain de l’éviction de Mamadou Dia, à la tête de la présidence du Conseil, aujourd’hui considérée comme la Primature dans l’attelage gouvernemental.
Ce qui fait dire à Me Doudou Ndoye qu’un pouvoir politique doit être «équilibré» dans une démocratie. «Lorsque les citoyens le veulent et qu’ils ont la chance de rencontrer des dirigeants éclairés, cela devient facile. Tout dépend de la chance que nous avons d’avoir et de rencontrer des guides éclairés», a indiqué l’ancien ministre de la Justice sous la présidence d’Abdou Diouf, du 8 avril 1983 au 2 janvier 1986. Citant en exemple la posture de Georges Washington aux Usa après la lutte pour les indépendances de ce pays contre l’Angleterre, Me Ndoye invite à rompre les amarres avec l’hyper présidentialisme qui confère au président, une fois élu, «le statut d’empereur». «Chez nous qui a le pouvoir ? L’Assemblée nationale n’en a pas, la justice encore moins. En réalité, c’est le président de la République qui a tout. De ce fait, quand un président est élu, il devient un empereur», a-t-il analysé. Ecartant l’idée d’un régime parlementaire, Me Doudou Ndoye a estimé que la solution se trouve dans la constitution. «C’est dans cette charte fondamentale qu’il faudra s’appuyer pour que le président n’ait plus tous ses pouvoirs excessifs. Dans le passé, toutes les modifications qui ont eu lieu ont laissé la souveraineté au président de la République. Pour cette fois-ci, la modification devrait se faire avec des gens équilibrés et éclairés», a suggéré Me Doudou Ndoye.
Ndèye Maguette SEYE