Le fonctionnement du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar n’est plus comme auparavant. Il est à la traine à cause de la grève des travailleurs de la justice déclenchée depuis novembre 2023. Ces derniers, qui en sont à leur huitième plan d’actions, ont fini par imposer des congés forcés à plusieurs acteurs, notamment des avocats, juges et auxiliaires de la justice. C’est en tout cas le constat établi, suite à un tour dans les salles d’audience dudit tribunal. Plusieurs procès ont été renvoyés jusqu’au 24 janvier.
A l’exception des flagrants délits où un greffier ad hoc a été requis pour vider certains dossiers, toutes les audiences ont été renvoyées par l’ensemble des chambres. A la chambre correctionnelle, c’est le report jusqu’à la date indiquée en sus de tous les procès. Même le verdict de l’affaire opposant Samba Sine «Khoutia» à Amina Poté a été prorogé.
Le septième plan d’actions des grévistes a également perturbé la tenue des audiences dans plusieurs cours et tribunaux à Dakar et à l’intérieur du pays. Au tribunal Lat-Dior, l’essentiel des procès ont été encore renvoyés. Idem à Thiès et dans d’autres localités où des notes circulaires ont été affichées pour renvoyer certains dossiers sine die.
Cette situation ne laisse pas indifférents les grévistes qui ont lancé, hier, une alerte. Le 20 septembre 2016, rappelle le secrétaire général du Sytjust, «une mutinerie d’une rare violence était survenue à la maison d’arrêt de Rebeuss». «Elle s’était soldée par une mort d’homme et plusieurs blessés. En cette période, le Sytjust menait des grèves cycliques qui engendraient de récurrents renvois en bloc d’audiences correctionnelles laissant croire qu’ils avaient été le catalyseur de ce soulèvement carcéral des détenus révoltés contre les longues détentions», prévient Me Ayé Boun Malick Diop dans un communiqué.
Selon le syndicaliste, au regard de cette expérience, le gouvernement doit accorder une sérieuse attention à la grève menée présentement par les travailleurs de la justice, car, fait-il savoir, «celle-ci semble exacerber la frustration des détenus éprouvés par les renvois successifs d’audiences ou par les audiences tenues avec l’assistance de greffiers ad hoc qui prolongent davantage les détentions».
«Des signaux clairement perceptibles et alarmants parviennent des lieux de détention depuis le début de la grève des travailleurs de la justice. Ils devraient inciter le gouvernement à prendre en charge sans délai les préoccupations du Sytjust, car sa responsabilité est éminemment engagée», estiment les grévistes. Les greffiers et auxiliaires de justice accusent le ministre de la Fonction publique d’être à l’origine du blocage de la satisfaction de leurs doléances.
Salif KA