La justice est caractérisée par l’utilisation abusive de l’instruction dans les dossiers concernant les «détenus politiques». Le but étant de retarder leur jugement et de les garder le plus longtemps possible en prison. La révélation est d’Alioune Ndao, l’ex procureur spécial de la Crei, qui dénonce la subordination de la justice à l’exécutif.
C’est Alioune Ndao qui le dit. L’ancien procureur spécial de la Crei affirme que la justice est instrumentalisée par le pouvoir pour régler des comptes politiques. Aujourd’hui, dit-il, nous avons une justice dépendante du pouvoir exécutif qui l’instrumentalise à sa guise. En effet, il affirme que tout le monde a constaté que la justice n’est pas indépendante du pouvoir exécutif et qu’elle sert très souvent de bras armé à ce dernier pour régler des comptes politiques.
Et il en veut pour preuve, le «nombre extrêmement élevé» de détenus politiques, en majorité des jeunes, qui croupissent dans les prisons, la plupart pour des motifs très légers. «A ce jour, on a dénombré plus d’un millier. C’est le moment de dénoncer fortement l’utilisation abusive de la procédure de l’instruction préparatoire dans les dossiers concernant ces détenus dans l’unique but de retarder leur jugement et de les garder le plus longtemps possible avant d’être jugés. La majorité d’entre eux sont détenus pendant plusieurs mois avant d’être interrogés par les juges d’instruction», souligne Alioune Ndao.
En définitive, le secrétaire général du Parti pour la justice, la démocratie et le développement (Pj2d) And doxal deug Alioune Ndao, ancien procureur spécial de la Crei et candidat déclaré à la présidentielle de 2024 qui s’exprimait, samedi dernier, en conférence de presse, a dénoncé «le recul des acquis démocratiques» sous Macky Sall. D’après lui, un certain nombre d’éléments permettent de caractériser ce «grave recul démocratique». «Les onze années du président Macky Sall ont été marquées par le plus grand recul de notre démocratie depuis l’époque du président Abdou Diouf. Avant son accession au pouvoir en 2012, le Sénégal était considéré comme la vitrine de la démocratie en Afrique. Mais, hélas, force est de constater qu’à ce jour, cette vision a fortement changé et que l’image de notre pays est rabaissée au niveau des pires dictatures de l’Afrique», poursuit-il.
L’ancien procureur spécial de la Crei cite également l’interdiction systématique des manifestations pacifiques de l’opposition sur toute l’étendue du territoire, très souvent pour des «motifs fallacieux». Il affirme que depuis la démonstration de force du F24, en mai dernier, toutes les demandes sont systématiquement rejetées. Et à l’en croire, cela montre bien que les préfets ont reçu des instructions du ministre de l’Intérieur. Face à cette situation, Alioune Ndao demande aux Sénégalais de sanctionner le régime par une adhésion à son programme qui ambitionne le retrait à long terme du Sénégal de la zone Cfa.
Théodore SEMEDO