Le CFCM (conseil français du culte musulman), dénonce “certaines scènes surréalistes apparues en direct à la télévision où des jeunes adolescentes ont subi de véritables interrogatoires sur leur choix vestimentaire et leur religiosité”, dans un communiqué de presse publié jeudi soir.
Soulignant que “des interrogatoires similaires se seraient produits dans certains établissements scolaires”, l’organisation estime que “ce qui est ressenti, à tort ou à raison, comme une police du vêtement dérive progressivement et dangereusement vers une police des consciences avec toutes ses conséquences néfastes”.
Pour le CFCM, “empêcher une fille de porter un vêtement qui n’est pas un signe religieux ostentatoire et pouvant être porté indistinctement par ses camarades musulmanes ou non, sous prétexte qu’il permet à la fille de rester conforme à sa conviction religieuse, est manifestement contraire à l’esprit et la lettre de la Loi de mars 2004” qui “a pour objectif d’empêcher l’affichage ostentatoire de l’appartenance religieuse de l’élève” en milieu scolaire et “ne vise nullement à sonder les convictions religieuses des élèves et encore moins à leur imposer de les abandonner”.
Dans son communiqué, l’organisation, qui fait partie des interlocuteurs de l’Etat concernant le culte musulman, revient par ailleurs sur la décision, publiée jeudi par le Conseil d’Etat, saisi dans le cadre d’un référé-liberté, et qui valide l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires.
“Dans sa décision, le Conseil d’État a apporté une précision importante sur ce qui justifie l’interdiction de ce vêtement en le qualifiant de vêtement qui fait immédiatement reconnaître celui qui le porte comme appartenant à la religion musulmane”, relate le CFCM pour qui cette position “délimite donc le périmètre de l’interdiction qui doit s’appliquer à ces longues robes qui font apparaître par elles même et immédiatement l’appartenance à la religion musulmane”.
“Or, force est de constater que dans la pratique, de nombreux témoignages font état de comportements discriminatoires de la part de certains envers des élèves de confession musulmanes. Des tenues vestimentaires, parmi lesquelles le “kimono” ou une simple chemise et un pantalon amples, qui ne font pas apparaître par eux même et immédiatement l’appartenance à une religion, auraient été prohibées au sein de certains établissements, pour des jeunes filles prétendument musulmanes. Ces mêmes vêtements auraient été autorisés à leurs camarades supposées non musulmanes”, poursuit le CFCM.
Cette prise de position intervient alors que l’organisation avait déjà mis en garde sur la stigmatisation qui pourrait découler de l’interdiction de l’abaya, et assurant qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un vêtement religieux.
Son avis n’a manifestement pas été entendu ni écouté puisque partout en France, depuis la rentrée scolaire de lundi, des jeunes filles sont empêchées d’accéder à leurs cours, en abaya mais également avec certains vêtements amples de type chemise ou kimono, comme l’a appris Anadolu auprès de plusieurs concernées.
AA