Accusé d’avoir agressé une femme dans un hôtel de Genève en 2008, l’islamologue était jugé pour viol « à trois reprises » et « contrainte sexuelle ».
« Le tribunal n’a pas été en mesure de se forger une intime conviction de culpabilité au-delà du doute raisonnable ». Jugé pour viol « à trois reprises » et « contrainte sexuelle » durant la nuit du 28 au 29 octobre 2008, dans un hôtel de Genève, l’islamologue suisse Tariq Ramadan a été acquitté par le le tribunal correctionnel de Genève. L’état de Genève a été condamné à verser 151 000 francs suisses pour ses frais de défense.
La partie plaignante a immédiatement annoncé faire appel. Trois ans de prison dont la moitié ferme avaient été requis la semaine dernière par le procureur.
Le procès de Tariq Ramadan, très attendu, a mis au jour deux versions opposées des faits. M. Ramadan, figure charismatique et contestée de l’islam européen, nie tout acte sexuel et se dit victime d’un « piège ».
La plaignante, « Brigitte », qui a choisi ce pseudonyme pour se protéger des menaces, assure en revanche que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008. « Brigitte », aujourd’hui âgée de 57 ans, a porté plainte dix ans après les faits, en 2018, encouragée, a-t-elle expliqué, par le fait que d’autres femmes aient fait de même contre Tariq Ramadan en France.
Les deux s’accordent à dire qu’ils ont passé la nuit ensemble dans la chambre de l’hôtel, qu’elle a quitté tôt le matin pour rentrer à son domicile. Tariq Ramadan assure que c’est elle qui s’est invitée dans sa chambre. Il dit s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange. Une version que dément « Brigitte », qui a raconté pendant l’audience avoir eu « peur de mourir » sous les coups de l’islamologue.
Soupçons de viols en France
Pendant l’audience, la défense a tenté de démontrer l’innocence de Tariq Ramadan en assurant qu’il n’y avait pas de preuves scientifiques. Ses avocats ont également accusé « Brigitte » et les femmes ayant porté plainte en France d’avoir tissé des liens avec pour objectif de faire tomber l’islamologue.
Les avocats de la plaignante ont eux fait valoir qu’elle avait bien consulté dans les jours suivants la nuit du 28 octobre 2008 deux psychiatres pour leur relater les faits et leur parler de son état de stress. Elle a fait savoir durant l’enquête avoir fait la connaissance de l’islamologue lors d’une séance de dédicaces quelques mois avant les faits, avant de le revoir lors d’une conférence, puis de correspondre sur un ton de plus en plus intime sur des réseaux sociaux.
Le Monde