L’affaire de la mort des 11 bébés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh» de Tivaoune est en train de prendre une autre tournure. Jusque-là muets, les travailleurs de l’hôpital ont décidé de sortir de leur silence. Et c’est pour défendre leurs collègues arrêtés et placés en garde à vue. Ils soulignent que ces derniers sont les agneaux du sacrifice de cette affaire.
«La tenue de notre sit-in est liée à l’injustice qui s’est abattue sur le personnel de santé notamment la garde à vue dont ont fait l’objet trois de nos collègues. Aujourd’hui nous sommes plus que jamais engagés à soutenir nos camarades qui sont dans les liens de détention. Nous estimons que c’est une décision arbitraire. Nous pensons qu’ils sont des victimes collatérales», martèle Sidy Lamine Ndoye, porte-parole de l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital et représentant du personnel au Conseil d’administration. Qui soutient que depuis le drame, on n’a pas entendu l’intersyndicale se prononcer sur cette affaire. Parce qu’elle ne voulait pas gêner l’enquête judiciaire. «Nous avons été très calmes. Nous avons assisté nos collègues qui ont été auditionnés dans des conditions difficiles de 4 heures du matin à 22 heures. Aujourd’hui ils sont accusés de négligence, c’est-à-dire qu’ils sont responsables de la mort de ces 11 bébés. C’est ce que nous ne pouvons pas accepter», peste Sidy Lamine Ndoye. Ce dernier rappelle que les agents de santé ne sont pas des sapeurs-pompiers habilités à éteindre le feu. Ils ne sont pas formés pour cela. «Au niveau local, nous avons décidé de paralyser tout le système dans le département de Tivaouane. Et nous allons déclencher aussi le plan d’actions au niveau régional», lance M. Ndoye
De son avis, tout le monde sait que cet hôpital est malade et le Khalife général des Tidianes l’a dit depuis 2018. Il ajoute qu’au début c’était un poste de santé qui a été transformé en hôpital. A l’en croire, on doit réfectionner la structure de santé qui de 20 millions de chiffre d’affaires en 2017, est maintenant à 80 millions de F Cfa. L’hôpital compte aujourd’hui une douzaine de médecins avec des spécialistes. «Malgré le mauvais traitement salarial, les travailleurs se sont donnés corps et âme pour relever le défi», souligne le porte-parole de l’intersyndicale.
Il rappelle que 40 % du personnel ne reçoivent que 40 mille francs de salaire par mois. Et ceci dit-il, la majorité du personnel de santé n’a aucun statut. «Ils veulent faire porter au personnel de santé ce drame, nous ne l’accepterons pas. Les arrestations et les intimidations doivent cesser», lance Sidy Lamine Ndoye.
Samba BARRY