Après un renvoi délibéré qui aura duré plus de deux heures de temps, le tribunal des flagrants délits de Dakar a fini par rendre, ce lundi 31 mai, le verdict du procès opposant le journaliste – chroniqueur au ministère public.
Et à l’arrivée, reconnu coupable d’escroquerie, Pape NDIAYE est condamné à 1 an de prison dont 3 mois ferme.
Seulement, ce verdict sonne comme un coup de massue sur la tête de tous ceux qui ont assisté à l’audience. En effet, après le réquisitoire très approximatif du parquet et les plaidoiries des avocats de la défense, il paraissait évident que Pape NDIAYE allait être purement et simplement relaxé. D’autant que le chef d’accusation “d’actes de nature à jeter le discrédit sur l’institution judiciaire” a été abandonné et les plaignants qui sont à la base de la procédure ont tous désisté. Mais, tout semble avoir été joué d’avance.
En effet, alors que beaucoup de ceux qui étaient ce matin au tribunal, s’attendaient à ce que Pape NDIAYE soit jugé pour le chef d’accusation “d’actes de nature à jeter le discrédit sur l’institution judiciaire”. Une appréhension suscitée par les conclusions de l’enquête préliminaire qui ont fait la Une de nombreux journaux. «La Sûreté urbaine de déduire : ‘Ces propos d’une telle gravité constituent des actes de nature à jeter le discrédit sur l’institution judiciaire et ces deux magistrats dont tout le monde connaît leur sens élevé de la responsabilité’», souligne le document. Par ailleurs, les mêmes conclusions du commissaire SANGARE, dont on se demande ce qu’il fait à la tête de la sûreté urbaine après son fameux coup de force pharmaceutique, indiquent : «La Sûreté urbaine est formelle : En fait, le sieur Ndiaye a utilisé ses connaissances juridiques pour soutirer de l’argent à la dame pour ensuite se réfugier sur le caractère civil de la décharge afin d’échapper à la loi pénale. En agissant ainsi de la sorte, il a gravement porté atteinte à l’honorabilité du juge d’instruction, chargé du 2e cabinet, ainsi qu’à celle de tous les magistrats et de l’institution judiciaire d’une manière générale». C’est au Tribunal que beaucoup ont appris que l’institution judiciaire n’était plus discréditée par Pape NDIAYE. Qu’il n’était plus question que d’escroquerie.
Pourtant, c’est le chef d’accusation abandonné qui a mené le dossier devant le tribunal. Au commissariat central déjà, les plaignants et le mis en cause avaient accepté la médiation pénale initiée par de bonnes volontés. C’est le Parquet qui s’y est radicalement opposé. Principale raison invoquée: Pape NDIAYE a posé des actes allant dans le sens de discréditer l’institution judiciaire. Ce chef d’accusation n’ayant pas été mentionné au tribunal, il paraît clair maintenant qu’il a été inséré dans le dossier pour que le procès ait lieu. Le stratagème est : on se sert de cela pour l’amener devant la barre ensuite on le juge pour autre chose.
Pourtant, même cette autre chose ne devrait pas permettre de condamner Pape NDIAYE. Escroquerie au préjudice de qui? Les plaignants qui ne se sont jamais présentés devant la barre, (l’audience a été renvoyée dans un premier temps à cause de leur absence), ont clairement consigné dans des lettres de désistement, qu’ils renoncent à se constituer partie civile après avoir reçu l’argent qu’ils réclamaient. Dans sa décharge, Mamadou Lamine MBENGUE, l’un des plaignants, écrit : “(…) atteste avoir reçu des avocats de Pape Khone NDIAYE prévenu la somme de 1 000 000 F CFA à titre de remboursement de la somme que je lui avais donnée et attestée par l’acte de prêt qu’il avait signé pour mon compte”. Dans une interview avec Seneweb, Ndèye Awa NDIR, l’autre plaignant, déclare : «Je n’ai jamais voulu corrompre un juge ou qui que ce soit. Comment je peux interpeller Pape NDIAYE pour lui demander de corrompre quelqu’un ? Il ne m’a jamais présenté qui que ce soit ; il ne m’a jamais dit qu’il a donné de l’argent à telle ou telle personne. Il m’a juste dit qu’il est dans le milieu et qu’il peut m’aider».
Ces deux déclarations suffisent à blanchir Pape NDIAYE de toute accusation d’escroquerie sans que ses avocats ne sentent le besoin d’intervenir. Pourtant, dans leurs retentissantes plaidoiries, ces derniers en ont tous longuement fait cas.
Seulement, le Tribunal semble n’avoir pas tenu compte de cela. Ainsi, aussi rare que cela puisse être constaté, le tribunal a presque exactement suivi le Parquet qui a requis 1 an de prison contre le prévenu. Un autre coup asséné à Dame Justice.
Mame Birame WATHIE