Au cœur de la lutte contre la Covid-19 qui ne cesse de gagner du terrain sur l’étendue du territoire national, les infirmiers de la région de Matam sont sortis de leur mutisme pour réclamer des masques chirurgicaux et fustiger ce qu’ils considèrent comme un traitement discriminatoire de la part de l’Etat.
Les infirmiers de la région de Matam avaient susurré leur crainte et leur mal être, depuis le début de la pandémie. Mais la tournure des évènements les a poussés à hausser le ton, hier, lors d’une conférence de presse. Car, même si la région résiste encore aux assauts du coronavirus, ces agents affiliés au Syndicat unique des travailleurs de santé et de l’action sociale (Sutsas) continuent à travailler d’arrache-pied pour contenir la Covid-19 loin du territoire régional. Mais si l’on en croit au secrétaire général de l’Union régionale du Sutsas, Amadou Lamine Sano, les infirmiers de la localité sont plus qu’exposés. ‘’Nous avons bouclé, il y a quelques jours, le tour des postes et centres de santé de la région. Le constat que nous avons fait est que les masques y sont quasiment inexistants. Les infirmiers qui sont en contact avec tous les malades ne disposent pas de masques pour se protéger du coronavirus’’, fustige-t-il.
Le chef de service des infirmiers au centre hospitalier régional de Ourossogui d’ajouter : ‘’Les infirmiers abattent un travail remarquable. Ils sont partout dans les postes de santé les plus reculés de la région. Avec de maigres moyens et sans protection, ils font les premières détections des cas suspects. Pour celui qui connait le fonctionnement des hôpitaux, le rôle de l’infirmier est crucial. Tout le monde sait que c’est lui qui est en contact permanent avec le malade. C’est lui qui lui prodigue les soins. Donc, il est, de tout le personnel soignant, le plus exposé à la Covid-19. Il est aujourd’hui avéré que le principal mode de transmission du virus est la voie respiratoire. Les masques deviennent indispensables pour se protéger. On peut concevoir que les équipements de protection individuelle ne soient pas disponibles en quantité suffisante, mais pour les masques, c’est une urgence’’.
Avec le port du masque rendu obligatoire par le ministre de l’Intérieur ce lundi, ces soldats de la santé au front espèrent enfin que les autorités vont les pourvoir en quantité suffisante.
La pandémie va crescendo dans le pays, avec notamment la recrudescence des cas de transmission communautaire. Mais cela n’a pas empêché au chef de l’Etat de reconnaitre les mérites du corps médical et de le récompenser en conséquence. Une générosité dépourvue de tout cachet démocratique, selon Sano. ‘’Ces temps-ci, nous avons appris que l’autorité a décidé de satisfaire certaines doléances du Sames. Nous saluons cette décision, mais nous voudrions exprimer notre désolation de voir les doléances du Sutsas laissées en rade. Les infirmiers sont tout aussi exposés que les autres membres du personnel soignant. Ce n’est pas juste, dans ce contexte, de satisfaire certains au détriment des autres, alors que tout le monde participe à la guerre contre le nouveau coronavirus’’, lance le syndicaliste.
Sano poursuit : ‘’Le ministre de la Santé est entouré de représentants du syndicat des médecins ; ce qui veut dire que les autres syndicats ne sont pas consultés dans les stratégies de lutte contre la Covid-19.’’
Ainsi, lui et ses collègues infirmiers demandent protection pour mieux protéger les populations.
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