Prise à mille lieux du Sénégal, la décision du Président ivoirien de ne pas briguer le suffrage universel, affecte et accentue la pression sur Macky Sall qui continue d’entretenir le flou.
Il est désormaisobligé de clarifier sa position.Le Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a renoncé, hier,officiellement à se représenter pour la troisième fois à la prochaineélection présidentielle ivoirienne. Une décision prise après quelquesmois d’hésitation et qui avait fini d’installer l’instabilité en Côte d’ivoire.Mais cette décision prise à mille lieux du Sénégal, a des conséquencessur le Sénégal et sur son homologue sénégalais. En effet, cette décisioninattendue va accentuer la pression sur Macky Sall, considéré comme son jumeau. Les deux chefs d’Etat étaient dans la même situation politique. Et au plan économique, ils sont considérés comme étant auservice des intérêts de la France et des entreprises françaises. C’estpourquoi cette décision de Ouattara affecte directement Macky Sall etAlpha Condé de la Guinée voisine.Désormais, tous les regards sont tournés principalement vers le chef del’Etat sénégalais qui est obligé maintenant de se prononcer ouvertementet sans ambages comme vient de le faire son ami Alassane Ouattara quia décidé de lever toute équivoque. En Guinée, Alpha Condé fait face àune opposition farouche. D’ailleurs, il a reporté le référendum qui devaitmodifier la constitution pour lui permettre de pouvoir briguer un troisièmemandat. Comme Alpha Condé, Macky Sall n’aura plus aucune chance etserait obliger d’enterrer son rêve. Il faut dire que Macky Sall continued’entretenir le suspense avec son «ni oui, ni non», lors d’un entretienavec la presse nationale, le 31 décembre dernier. «Si je dis oui ou non,les gens ne vont plus travailler dans ma formation politique», avait-ilargumenté. Pourtant, il avait lui-même avoué, par le passé, qu’il ne peutpas briguer le suffrage universel en 2024. «Le troisième, c’est fini. Nul nepeut exercer plus de deux mandats consécutifs», avait-il dit au début deson premier mandat. Son ancien ministre de la Justice, leconstitutionnaliste Ismaïla Madior, avait dit que la constitution limite àdeux le nombre de mandats présidentiels. Et enfin, Seydou Guèye,l’ancien porte-parole du gouvernement et de l’Apr, avait déclaré que Macky Sall ne peut pas solliciter les suffrages des Sénégalais en 2024.Mais malgré tout cela, Macky Sall se plait à entretenir le flou. Pire, ilsanctionne sans états d’âme tous les responsables de son parti qui luirappellent que la constitution l’exclut de la course à la prochaineprésidentielle, à tel point que certains considèrent désormais comme un délit le fait de le dire. A preuve, il a limogé Sory Kaba de son poste de directeur général des Sénégalais de l’extérieur. Il a également limogé Moustapha Diakhaté de son poste de ministre conseiller. A contrario Mbaye Ndiaye et l’ancien Premier ministre Boun Abdallah Dionne quithéorisent une troisième candidature ne sont pas inquiétés le moins dumonde. Ce qui laisse penser que Macky Sall veut se représenter en2024. En outre, Amadou Ba et Aminata Touré, deux responsables del’Apr, à qui on prête, à tort ou à raison, des ambitions présidentielles sontla cible d’attaques venant de la direction du parti.
Charles G. DIENE