Mercredi, en Conseil des ministres, le président de la République a annoncé la gratuité, à compter du 1er octobre 2019, du traitement par chimiothérapie des cancers féminins. Une nouvelle accueillie positivement par les femmes atteintes de cancer du sein et du col de l’utérus mais qui en demandent encore plus.
Hôpital Aristide Le Dantec. Devant la porte de l’établissement sanitaire, deux vigiles filtrent les entrées. Il faut montrer une ordonnance ou décliner les raisons de sa visite pour mettre les pieds à l’intérieur de la structure. Face à la porte principale, s’ouvre un large boulevard borné tout au long des deux côtés par des bâtiments peints en couleur moutarde et marron. Le thermomètre affiche presque les 42°. Le soleil darde ses rayons. Au fur à mesure qu’on avance, on croise médecins, infirmiers, aides-soignants qui se distinguent par leur blouse, blanc immaculé mais aussi accompagnants de malades etc… Au fond un vieux bâtiment repeint se découvre. Du haut de la porte principale de la bâtisse, on peut lire en écritures vertes : «Institut Juliot Curie» et à droite, en rouge, «Cancérologie». Au niveau du hall, derrière le bâtiment, c’est le calme plat. Des femmes d’un âge avancé se prélassent sur des nattes. Toutes gagnées sans doute par la fatigue. Il est difficile de distinguer patient et accompagnant. Habillé d’un tissu wax multicolore, Mbayang Ndiaye fréquente l’Institut depuis 2017. Affaiblie par le cancer du sein, elle a la taille frêle, rongée par la maladie. Depuis 3 ans, cette femme mariée, mère de deux enfants, se bat nuit et jour contre le cancer. Issue d’une famille modeste qui peine à joindre les deux, elle ne doit le salut qu’à son mari et aux bonnes volontés qui lui donnent, de temps à autre, un coup de main pour lui permettre de suivre correctement son traitement. «Ma maladie a ruiné mon mari. Il a dépensé toutes ses économies pour que je puisse, aujourd’hui, tenir encore. Vous n’imaginez pas comment ça fait mal au cœur de tomber malade alors qu’on n’a pas les moyens pour aller à l’hôpital pour se faire soigner. Je rends grâce à des bonnes volontés qui m’aident beaucoup», confie-t-elle. A la question de savoir ce qu’elle pense de la mesure présidentielle de gratuité, elle marque un temps d’arrêt. «Où est-ce que vous avez entendu cette nouvelle ?», questionne-t-elle. Revenue de sa surprise, elle fait savoir que c’est une décision qui vient à son heure. Parce que, selon elle, beaucoup de patients abandonnent le traitement en cours de route, faute de moyens. Si la mesure est effective, ce sera une épine qui sera enlevée du pied des malades. Toutefois, elle ne manque pas de plaider pour que les autorités œuvrent davantage pour la gratuité intégrale du traitement dont les frais, à son avis, coûtent cher.
Trouvée assise dans le couloir, Khadidiatou Sène embouche la même trompette. Pour cette dernière, il ne coûte rien à l’Etat d’en faire de même pour la radiothérapie et les autres analyses, ne serait-ce que pour les patientes qui n’ont pas assez de moyens pour supporter le coût de leur traitement. A défaut, avance-t-elle, subventionner tous les médicaments et les séances de radiothérapie, les analyses sanguines entre autres. «Il y a des femmes qui meurent parce que n’ayant pas d’argent pour payer certains médicaments ou séances», regrette-t-elle. Pour elle, rien que pour la chirurgie, le patient dépense presque 400 mille F Cfa sans compter les autres dépenses qui reviennent toutes à la charge du malade. Elle soutient que chaque 15 jours, elle doit renouveler une ordonnance dont le montant s’élève presque à 300 000 F Cfa.
Samba BARRY