Le fast-track peine à aller vite. Jusqu’ici, il n’a accouché que de traînailleries et demi-solutions qui ne font que paralyser l’esprit critique des Sénégalais. Ainsi, avec Macky 2, la tambouille servie risque d’être du même tonneau et permettra encore de vider les caisses déjà vides.
Réformes en méforme. Alors que les Sénégalais qui ont reconduit son pouvoir s’attendent à des réformes en profondeur pour améliorer le panier de la ménagère et leur donner un pouvoir d’achat, Macky Sall tarde à aller à l’essentiel. Jusqu’ici, on ne voit qu’un slogan «fast-track» (Aller vite, Ndlr) et des combinaisons bassement politiciennes alors que des réformes sont inéluctables dans les secteurs de l’administration, de l’énergie, etc. Criée sur tous les toits, la cadence n’a pas été accélérée sous Mimi et Dionne. Et le nouveau concept de Macky 2 risque de finir au cimetière des voeux pieux. Car, depuis son annonce, on n’assiste qu’à un partage de maroquins et des frustrations contenues des artisans de la victoire dont certains ont été dézingués. Une distribution de prébendes qui est même en passe de virer en «crise sur le gâteau », avec le mécontentement provoqué au Parti socialiste allié où la reconduction des ministres Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam est encore une pilule difficile à avaler pour certains caciques. Ce qui pousse le parti de Senghor du roupillon à la crise de nerfs avec notamment la démission du porte-parole adjoint, Me Moussa Bocar Thiam.
Pourtant, ces petites tambouilles de Macky Sall ne font que retarder l’échéance. Parce que les institutions de Bretton Woods ne transigeront pas sur les réformes que doit mener le Sénégal après les joutes électorales. Ainsi, pour elles, l’urgence de l’urgence, ce sont les réformes. Car, aujourd’hui, tous les pays sérieux grouillent dedans. En France, les «gilets jaunes» ont poussé Macron à revoir ses plans, faire machine arrière et céder quelque chose aux «Smicarts» et autres retraités. Au Maroc, les réformes demeurent le grand débat, et le patron a mis les pieds dans le plat. Mais au Sénégal, on s’attarde sur des banalités du genre le Sénégal a acheté 20 mille voitures pour 500 milliards, carbure son parc à hauteur de tant, etc., comme si on ne le savait pas. Une stratégie d’enfumage pour tenter de justifier le resserrement de ceinture alors qu’on a assisté à une élection-reconduction avec le même système qui est à l’origine de tout ce bazar. Un charivari que personne ne comprend. En effet, si on veut vraiment faire des économies budgétaires, on sait que le premier poste de rationalisation mène du côté de l’avenue Léopold Sédar Senghor où pas plus tard que la semaine dernière, la presse faisait état d’une distribution éhontée d’enveloppes d’argent, 500 mille francs Cfa, à des femmes-députés après le vote de la loi sur la suppression du poste de Premier ministre. Donc, il serait bien de commencer par mettre fin à ces pratiques en «fast-track». Sinon, cette conception sera pour les autres et le reste. Pas pour les uns. Ce qui n’en ferait, malheureusement, qu’un amusement de galerie. Surtout que c’est Macky Sall qui avait nommé tous ces gens dégommés, avec les avantages et le reste. Pis, avec le gouvernement du palais qui se dessine à travers les nombreuses opérations de recasement, on risque d’avoir le plus gros poste de dépense au Château.
Aujourd’hui, la précarité des finances publiques fait que l’’Etat ne peut plus continuer à subventionner l’énergie. Un secteur où, soufflent certaines indiscrétions dans le système, le pays à un gap à 80 francs Cfa par kilogramme d’énergie que l’Etat continue de subventionner. Le gouvernement voulait accepter de descendre jusqu’à 40 francs pour satisfaire le Fonds monétaire international qui ne cesse de demander l’application de la vérité des prix. Mais, aux dernières nouvelles, il chercherait à se débiner. Et tout le monde attend de voir l’attitude du Fmi qui vient de boucler une staff-visite dans le pays. Cela, parce que, confient certaines sources, le Sénégal envisage de passer de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) à l’instrument de coordination des politiques économiques (Icpe). Ce nouveau mécanisme du Fmi, approuvé en juillet 2017, cherche à renforcer le dispositif mondial de sécurité financière et l’efficacité des instruments à la disposition du Fmi. Le seul pays qui a encore cet instrument est Seychelles.
Seyni DIOP