En visite au Sénégal, au début du mois de février 2018, le président Emmanuel Macron avait multiplié les promesses. Une aide de 15 millions d’euros pour lutter contre l’érosion côtière, une autre de 25 millions d’euros pour la préservation et la rénovation du patrimoine historique de Saint-Louis.
Pour ces engagements en faveur de l’environnement, Macron fut chaudement remercié par une République grandement reconnaissante. A l’arrivée, les deux accords que le ministre Amadou BA a signés avec l’Agence française de développement (AFD), ce mardi, d’un montant de 20 milliards de francs CFA, sont non seulement en deçà des montants annoncés par le chef de l’Etat français, mais, pis, près des 2/3 sont à rembourser.
Les accords signés entre la France et le Sénégal sont à bien scruter. Souvent, c’est le pays de Marianne qui roule le nôtre dans la farine. Et les derniers signés ce mardi entre le ministre de l’Economie, Amadou BA, et le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, n’échappent pas à la règle. D’un montant de vingt milliards de F CFA, lesdits accords concernent trois projets. Selon le ministre Amadou BA, le coût du premier projet de lutte contre l’érosion côtière sur la Langue de Barbarie à Saint-Louis est estimé à 18,8 millions d’euros (12,3 milliards de francs CFA). Et l’AFD contribue à hauteur de 16 millions d’euros (10,4 milliards de francs CFA). Et le ministre de préciser que les 6 millions d’euros (3,9 milliards francs CFA) sont sous forme de dons. Autrement, le Sénégal doit rembourser à la France 10 millions d’euros. Le Sénégal qui doit de l’argent à la France, rien de plus habituel. Seulement l’argentier de l’Etat a ajouté : « Ce projet vient donc concrétiser l’engagement de nos deux chefs d’Etat, Emmanuel Macron, président de la République française et Macky Sall, président de la République du Sénégal, lors de leur visite à Saint-Louis le 3 février 2018». En revenant sur cette visite qui avait fait tant parler à son temps, Amadou BA rappelle en même temps les propos d’Emmanuel Macron qui avait promis des aides et non des dettes.
En effet, accueilli un samedi soir par une foule impressionnante, le président français s’était dressé en sauveur de Saint-Louis. Très bien renseigné sur les nombreux dégâts qu’occasionne l’avancée de la mer dans l’ancienne capitale du Sénégal, Emmanuel Macron avait promis que la France allait de venir en aide aux populations dont beaucoup d’entre elles ont dû abandonner leurs maisons englouties par la mer qui ne s’arrête pas. « Nous avons vu l’érosion côtière, les peurs, les murs qui tombent, l’activité économique détruite et la ville qui peu à peu recule devant ce que certains parfois veulent encore nier, les effets du changement climatique » ? avait-il déclaré. Fortement applaudi, le chef de l’Etat français, qui semblait se trouver dans une province française, s’engageait à régler un problème qui aurait dû être une priorité pour l’Etat sénégalais. Ainsi, selon Macron, à travers l’AFD, la France allait dégager 15 millions d’euros pour la lutte contre l’érosion côtière et 25 autres millions d’euros pour la préservation et la rénovation du patrimoine historique de l’ancienne capitale de l’Afrique-Occidentale française. Pour la presse, notamment française, Emmanuel Macron avait posé un acte singulier qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé. En promettant de mettre généreusement l’argent de son pour la sauvegarde de l’environnement sénégalais, il montrait une autre France moins préoccupée par ses intérêts. .
Seulement, à l’arrivée, Macron a montré au régime de Macky SALL une de ses priorités négligées. Et, sous forme de prêt, la France pousse le Sénégal à y investir de l’argent à rembourser. Et, avec une forte dose de communication, l’AFD se veut l’agence de développement qui sauve une partie du littoral africain.
Mame Birame WATHIE