On ne connait pas encore le successeur du défunt Khalife général de Ndiassane, Mame Bouh Mouhamed Kounta, décédé hier à l’âge de 93 ans. Des noms circulent au sein de la famille Kountiyou, mais rien n’est pas encore officiellement annoncé.
(Correspondance) – Mame Bouh Mouhamed Kounta, le doyen des Khalife généraux du Sénégal n’est plus. La douloureuse nouvelle est tombée dimanche 4 novembre annonçant la disparition du Saint homme et guide spirituel de la confrérie Khadrya sénégalaise. Mais aussi et surtout une grande perte pour toute la Oummah islamique. Les éloges n’ont pas tardé, notamment la dimension spirituelle de ce soufi hors pairs qui, pendant 12 ans, du mois avril 2006 date son intronisation à celui d’octobre 2018, à conduit de main de maître la destinée des Ahloul Kountiyou. En effet, c’est à cette date que Mame Bouh Mouhamed Kounta succéda à son illustre père, Cheikh Bou Mouhamed Kounta, inaugurant ainsi l’ère des petits-fils au khalifat de Ndiassane. Rappelé Dieu à l’âge de 93 ans, Mame Bouh était le doyen des Khalifes généraux du Sénégal. Dès l’annonce de la nouvelle, la cité religieuse a commencé à faire le plein, avec des fidèles venus des différents coins du pays. Dans la demeure du Khalife, la douleur, la tristesse et la consternation étaient visibles sur tous les visages. «Cela témoigne de la vision qu’avait l’homme quant au devenir de sa cité et de sa confrérie, au-delà de la dimension spirituelle du guide, de son ouverture, de son sens de la solidarité et de l’entraide», confie Serigne Sidy Moctar Kounta, un des frères de l’illustre disparu. Aussi se pose la question de savoir qui pour succéder à ce grand homme.
Et à ce titre, même si El hadji Sidy Moctar Kounta, un des frères de l’illustre disparu préfère attendre que la famille se réunisse pour statuer sur la question, il demeure que déjà des rumeurs font penser à El hadji Cheikh Bécaye fils ainé de Cheikh Al Bécaye Kounta. Lequel serait le plus âgés des petits-fils et qu’en conséquence, si la tradition du droit d’ainesse est respectée, il devrait être intronisé comme le 7ème Khalife des Ahloul Kontiyou. Une rumeur qui pourrait s’avérer exacte quand son sait, de source très proches de la famille de ce dernier, que dès l’annonce de la nouvelle, il a été acheminé, malgré son âge très avancé, vers la cité religieuse de Ndiassane sous bonne escorte. En effet, Serigne Ckeikh Bécaye résidait jusqu’à hier au quartier Diakhao de Thiès. S’agissant de l’illustre disparu, «Mame Bouh Mouhamed Kounta, il est décrit par son frère Sidy Moctar Kounta comme un bâtisseur et c’est sous son magistère que la cité religieuse a été désenclavé. La recherche du savoir et l’agriculture étaient à son niveau élevé au rang de culte. Raison pour laquelle il n’a jamais cessé d’appeler les jeunes aux études et au travail et de s’abstenir de braver les mers pour un exode incertain».
C’est ainsi que dès son avènement au Khalifat, le guide religieux, avec l’appui de son fils, un professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a travaillé à la construction d’un daara moderne dans la cité religieuse. Et à l’ouverture d’une école secondaire pour faciliter l’accès des filles à l’école. Sans compter qu’en douze ans de Califat, Mame Bouh Mouhamed a su transformer le visage du village de Ndiassane pour en faire une cité religieuse digne de ce nom avec toutes les commodités afin de la rendre apte à recevoir les milliers de fidèles en provenance du pays et de la sous-région ouest africaine surtout du Mali où ils comptent des milliers de talibés. Malgré son âge très avancé, le regretté khalife n’a jamais cessé d’avoir un regard alerte sur toutes les évolutions en cours dans le pays et dans la communauté musulmane en particulier. L’appel qu’il lança à la cérémonie officielle du dernier gamou annuel de Ndiassane reste encore des plus actuels. Le guide religieux avait en effet regretté qu’avec l’avènement et le développement du numérique et des réseaux sociaux les enfants trouvent la possibilité de discuter de choses que leurs parents ignorent. «Il nous faut redoubler de vigilance en introduisant l’enseignement religieux dans le système éducatif car c’est ce qui pourra aider les enfants à toujours demeurer sur le droit chemin, celui tracé par le Tout Puissant».
Sidy DIENG