La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) est très préoccupée par le climat tendu qui caractérise les rapports entre le pouvoir et l’opposition.
En défenseurs des droits de l’Homme, les membres de la Raddho se sont érigés en boucliers pour prendre la défense de deux K : Karim Wade et Khalifa Sall.
En bisbille avec le pouvoir, les candidats déclarés à la présidentielle (Karim et Khalifa) peuvent compter sur le soutien de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho). En conférence de presse hier, Aboubacar Sédikh Niass et ses camarades se sont érigés en défenseurs de Karim Wade et Khalifa Sall. Sur le refus d’inscrire Karim Wade sur les listes électorales, la Raddho souligne: «En refusant de trancher le contentieux de l’inscription sur les listes électorales qui oppose le candidat déclaré du PDS Karim Wade à l’administration, la Cour suprême a rendu une décision qui ne règle pas le problème du requérant et donc risque de jeter le doute sur l’impartialité de l’institution judiciaire». La Raddho de s’interroger ensuite: «Faut-il rappeler que l’une des fonctions de la justice est de résoudre les litiges entre parties en vue de la sauvegarde de la paix sociale et politique, dans le cas qui nous concerne. Si Karim Wade jouit encore de ses droits civiques et politiques, l’autorité a-t-elle le droit de le radier automatiquement des listes électorales en vertu des articles L31 et L32 du code électoral, sans qu’aucune juridiction n’ait à se prononcer ?» Aboubacar Sédikh Niass et ses camarades de la Raddho ajoutent qu’en l’espèce, «la Crei qui avait géré le dossier d’enrichissement illicite, s’était refusée de prononcer la déchéance des droits civiques et politiques de Karim Wade lorsqu’elle l’a condamné à une peine de six ans de prison ferme».
Sur la révocation de Khalifa Sall de son moelleux fauteuil de maire de la Ville de Dakar, la Raddho dit avoir suivi «avec beaucoup d’attention et un grand intérêt le déroulement du procès de Khalifa Sall, maire de Dakar». Elle regrette dans ce sens les violations des droits de l’accusé qui ont ponctué la procédure. A titre d’exemple, précisent ces défenseurs des droits de l’Homme, «on peut noter le fait que la Cour ait considéré que son immunité a été violée entre la date de proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel et la date de la levée de son immunité parlementaire par l’Assemblée nationale et qu’il était en détention arbitraire pendant cette période. C’est pour toutes ces raisons que la Raddho déplore le refus de la Cour d’appel de tirer les conséquences de droit découlant de l’arrêt rendu par la Cour de la Cedeao, qui est par essence une juridiction compétente dans les contentieux des droits humains». Ils dénoncent ainsi le dernier acte posé dans cette affaire. «La révocation de Khalifa Sall a durablement installé la polémique au sein de la classe politique. La Raddho est très perplexe quant à l’opportunité de la décision dans la mesure où une suspension du maire de Dakar en attendant l’issue de la procédure aurait suffi. Tout au moins, le président de la République aurait dû attendre que le concerné et ses co-accusés reçoivent l’arrêt d’appel qui n’est ni disponible ni numéroté et pourtant cité comme argument par le rapport de présentation à côté des articles 135 et 140 du code des collectivités territoriales pour motiver le décret de révocation du 31 août pour agir de la sorte».
Concernant les interdictions répétées des rassemblements ou marches au centre de Dakar et «l’application systématique» de l’arrêté Ousmane Ngom pour les justifier, la Raddho estime que «ledit arrêté est anticonstitutionnel et constitue une grave violation de la liberté de manifestation et d’expression». Occasion que saisiront les «droits de l’hommistes» pour demander son retrait de l’ordonnancement juridiquement du Sénégal. «Nous tenons à préciser que la liberté de manifester est un droit constitutionnel qui doit être respecté», affirme la Raddho.
Magib GAYE