Les populations de Cambérène ne comprennent pas l’attitude de l’Etat du Sénégal qui tarde à délocaliser l’émissaire. Réunies dans le Comité d’initiative pour la défense de l’environnement de Cambérène (Cidec), elles rappellent que, pour la prise en charge de cette problématique, l’Etat doit mettre fin au dilatoire.
Le 08 mai 2012, le Premier ministre de l’époque, Abdoul Mbaye, avait mis officiellement en place, un Comité de concertation et de suivi présidé par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement et composé, entre autres, des autorités administratives et locales concernées et du Cidec. A en croire les populations de ce village religieux, il s’agissait ainsi d’étudier les modalités de la délocalisation de l’émissaire de Cambéréne et de mise en place d’un réseau d’assainissement aux normes dans la cité religieuse. Depuis lors, soulignent-elles, des réunions ont été tenues avec les ministres de l’Hydraulique qui se sont succédé, à l’exception de l’actuel, Mansour Faye. Ce dernier, à leurs yeux, les snobe malgré des relances faites avec des correspondances. «Quelque part, on ne comprend pas pourquoi, malgré le fait que les financements soient disponibles (Bid pour la délocalisation, et Boad pour assainissement) l’Etat du Sénégal et l’Onas trainent toujours les pieds pour délocaliser l’émissaire», notent-ils, dans le communiqué parvenu à Walf Quotidien.
En outre, les populations de Cambérène disent ne pas comprendre non plus pourquoi le projet de dépollution de la Baie de Hann va démarrer alors que celui de la délocalisation de l’émissaire de Cambérène est laissé en rade. «Le projet de dépollution de la Baie de Hann comprend l’assainissement de plusieurs villes dont les eaux usées seront peut-être déversées à la Step de Cambérène. D’où certainement la justification du passage d’une capacité de 24 000 m3/j à plus de 92 000 m3/j. Toutes ces villes dépolluées (de Hann Bel Air à Thiaroye) disposeront d’un réseau assainissement qui refoulera les eaux usées vers le village de Cambérène (via la Step nouvelles dimensions et génération) qui ne dispose pas de réseau d’assainissement. L’émissaire continuera à rejeter sur la plage ces eaux usées provoquant pollution et dégradation de la santé des populations de Cambérène et de son cadre de vie», rouspètent-elles.
Cambérène n’est pas satisfaite aussi de l’Onas. Pour son assainissement, elle dénonce le fait que cette société ait choisi une entreprise sans moyens. Les populations soutiennent que cela «ressemble à un sabotage». «Des dates ont été avancées par le Dg de l’Onas pour le démarrage des travaux d’assainissement en début mars 2018 et pour la délocalisation de l’émissaire au plus tard en juin 2018 devant les autorités de Cambérène. C’est comme si, contrairement aux engagements de l’Etat en 2012, ce problème des eaux usées à Cambérène est relégué au second plan. Ce qui est inacceptable et un manque de respect flagrant à la parole donnée devant le Khalife général des layènes par les ministres envoyés par le président de la République», dénoncent les populations.
Le Cidec demande à l’Etat du Sénégal de respecter ses engagements concernant la délocalisation de l’émissaire ainsi que l’assainissement de la cité religieuse. Les populations soutiennent qu’aucune concession ne sera faite car ces engagements datent de 2012 et Cambérène a déjà payé un lourd tribut. Faute de quoi, ils vont prendre leurs responsabilités. Ainsi, elles exhortent «tous les layènes, la population de Cambérène, le Mouvement Cambérène Moniou nioor, les associations religieuses, sportives et culturelles…à se tenir prêts pour une riposte énergique à la hauteur de ce manque de considération et de mépris de Macky Sall et son gouvernement pour notre localité qui est la capitale de la communauté layène».
Mamadou GACKO