Dans les communes de Dodel et de Démette, le bras de fer qui oppose les populations à certains responsables des deux communes amorce un virage dangereux. En effet, si les autorités ne prennent pas les devants, ce conflit entre populations et leurs maires, risque de créer des graves troubles qui rappellent ceux de Fanaye. On n’en est pas encore à cet extrême. Mais, ici, c’est un collectif de plus de deux mille personnes qui vivent dans les communes de Dodel et de Démette qui se disent déterminés à s’opposer, par tous les moyens, à la spoliation de leurs terres. Ce collectif exige le départ des investisseurs marocains qui, au-delà des 10 mille hectares à eux octroyés, visent un potentiel de terre qui ne fait pas partie de l’accord qui a été conclu avec eux.
L’autre raison de la colère de ces populations décidées à défendre leur patrimoine est le spectre de voir leurs enfants titulaires, qui d’une licence, qui d’une maîtrise ou autres diplômes supérieurs, devenir de simples ouvriers agricoles.
Aux dernières nouvelles, ses responsables auraient décidé de saisir, par l’entremise de leur avocat, Me Assane Dioma Ndiaye, la Cour suprême pour faire annuler la concession faite aux Marocains. «A l’heure où je vous parle, le dossier est clos à notre niveau et est entre les mains du président de la République», réagit, au téléphone, le maire, Mamadou Bassirou Sall. Ce qui a fait le plus mal à ce dernier, c’est que, selon ses dires, la plupart de ceux qui sont dans le collectif ont eu à participer à toutes les réunions tenues par le conseil municipal. Et durant toutes ces rencontres, ils ont pris la parole pour louer l’importance du projet. Et de citer l’exemple d’un conseiller municipal du nom de Mamoudou Ramata Bâ, habitant au village de Louren. Ce dernier, parmi tant d’autres, a non seulement voté la délibération du conseil municipal, mais a pris la parole pour inviter les populations à adhérer massivement à ce projet qui, disait-il, est porteur d’espoirs pour les populations de la zone. Réagissant à la plainte déposée par ce collectif au niveau de la Cour suprême, le maire de Dodel dit n’être pas ébranlé outre mesure. Ce, d’autant que, assure-t-il, depuis le début du processus, tout ce qui a été fait l’a été dans les règles de l’art. Selon lui, la délibération qui n’est pas l’œuvre d’une seule personne a été votée en présence des autorités administratives.