Attraite à la barre de la Chambre criminelle de Dakar pour le crime d’infanticide, Aïda Mbodji encourt dix ans de travaux forcés.
Elle avait contracté une grossesse hors mariage et a abrégé la vie de son nouveau-né avant de l’enfoncer dans un trou d’eaux usées. C’est le 20 juin prochain qu’elle sera édifiée sur son sort.
Mère de 8 enfants, Aïda Mbodji a mis fin aux jours de son 9ème bébé. Tombée enceinte des œuvres de son amant, cette épouse d’émigré ne voulait pas être la risée de son quartier. Domiciliée à Guédiawaye, elle a accouché en catimini, le 1er avril 2011, d’un enfant de sexe masculin. Elle l’a solidement enroulé dans un pagne avant de l’enfoncer dans un trou d’eaux usées. Après son forfait, Aïda Mbodji est rentrée tranquillement chez elle, comme si de rien n’était. Comme un crime n’est jamais parfait, l’enfant a été retrouvé le lendemain. C’est le chef de quartier de ladite localité qui a informé les policiers de la découverte d’un nouveau-né dans un égout d’eaux usées.
Le corps sans vie a été acheminé à l’hôpital Aristide le Dantec pour les besoins de l’autopsie. Laquelle a révélé que l’enfant avait respiré à sa naissance. Et il est mort par asphyxie mécanique à la suite de la présence de sable dans les voies respiratoires. A la suite d’une dénonciation anonyme, les limiers ont procédé à l’arrestation d’Aïda Mbodji qui n’a pas cherché à nier l’évidence. ‘’Elle a été arrêtée à l’hôpital. Elle était partie là-bas accompagnée de sa mère pour y recevoir des soins, car elle saignait’’, a-t-on mentionné dans l’ordonnance de renvoi et de mise en accusation. C’est ainsi qu’elle a été inculpée du crime d’infanticide. Car pour le juge d’instruction, ce qui est établi est que la dame a accouché d’un nouveau-né avant de l’abandonner dans un lieu solitaire.
Agée de 41 ans, elle a fait face, hier, au président de la chambre criminelle de Dakar. De teint clair, habillée d’un ensemble wax de couleur orange, les cheveux défaits, Aïda Mbodji a versé de chaudes larmes à la barre. La dame continue de regretter son acte, après 6 ans de détention préventive à la Maison des femmes (Maf) de Liberté 6. ‘’J’avais caché ma grossesse à mon entourage jusqu’à terme. Lorsque j’ai senti les douleurs de l’accouchement, je me suis isolée pour ne pas éveiller les soupçons. Je suis allée derrière notre maison pour la délivrance.
A sa naissance, l’enfant a crié. Le cordon ombilical s’est coupé tout seul au moment où j’enveloppais le nouveau-né dans un morceau de tissu’’, s’est-elle remémorée, la tête baissée. Avant de poursuivre : ‘’Mon mari vit à l’étranger. Ne pouvant supporter son absence, j’ai eu des relations sexuelles avec un autre homme. Ce dernier a refusé la paternité de la grossesse. Il a même menacé de me tuer, si jamais je disais que c’était lui. C’est la raison pour laquelle j’ai arrêté de suivre mes visites prénatales, après deux mois de grossesse.’’
Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a fait remarquer qu’Aïda Mbodji a commis 2 graves erreurs, à savoir le délit d’adultère et le meurtre de son enfant. Sur ce, il a requis la peine de dix ans de travaux forcés contre cette divorcée, aujourd’hui.
Substituant Me Ciré Clédor Ly, l’avocat de la défense a précisé que sa cliente a toujours reconnu les faits qui lui sont reprochés. Donc, a-t-il souligné, il y a la possibilité de lui accorder des circonstances atténuantes. ‘’Elle était dans les liens du mariage au moment de prendre la grossesse. Elle a voulu éviter l’humiliation. Elle ne pouvait pas subsister à cette pression psychologique. Nous vous demandons de lui faire une application bienveillante de la loi pénale, afin de lui permettre de retrouver ses enfants’’, a déclaré la robe noire. Après cette plaidoirie, le président de la chambre a mis l’affaire en délibéré pour le 20 juin prochain.
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